Médaillé d’argent à Sotchi, Arnaud Bovolenta a été éliminé en demi-finales. / ISSEI KATO / REUTERS

Quatre ans après la journée en or, la « journée noire ». Le skicross français est tombé de haut, mercredi 21 février, en ne parvenant pas, non seulement à rééditer son exploit de Sotchi, mais à hisser l’un des siens en finale. « C’était pas notre jour. Mais c’est le skicross, parfois, ça marche, parfois pas », a commenté, déçu, le champion olympique sortant Jean-Frédéric Chapuis. Comme pour appuyer ses propos, la compétition a été remportée par le Canadien Brady Leman, finaliste malheureux de Sotchi, quatrième derrière un triplé français inédit.

Dans cette discipline qu’il compare à un « Mario Kart sur des skis » (mais sans les bananes) et où les skieurs dévalent creux et bosses en tentant d’arriver le premier au bas de la piste, le tenant du titre a dû rendre les armes dès les quarts de finale. « Tout allait bien, j’avais de bons départs. Mais en me disputant la première place avec le Canadien, ça a permis au Russe de revenir à l’aspiration et de me doubler. J’ai essayé de le redoubler, un coup à droite, un coup à gauche, mais ça ne l’a pas fait. »

Seul Bleu parvenu en demi-finales, le médaillé d’argent de Sotchi, Arnaud Bovolenta, a terminé « pas très loin du podium », mais à la sixième place. « L’issue [de la course] est moins joyeuse qu’il y a quatre ans. C’est dommage parce que j’étais rapide encore aujourd’hui. Et d’ajouter qu’il « n’imaginait pas qu’il n’y ait pas de Français sur le podium. On a habitué le staff, les coaches à mieux. »

La richesse du vivier français, un problème ?

Avec neuf skieurs parmi les meilleurs mondiaux, l’équipe de France avait un choix de roi à l’orée des Jeux olympiques. Mais Chapuis prévenait à l’automne des risques d’un tel vivier. La France n’ayant que quatre places en skicross, les skieurs devaient résoudre l’équation ardue de trouver leur pic de forme au jour J (pour JO), mais en assurant leur qualification avant. Ce qui a joué des tours à certains, notamment Jonathan Midol, en bronze à Sotchi et pas du voyage en Corée.

« C’était compliqué pour tout le groupe, car on est hyperdenses et qu’il fallait déjà se qualifier, a reconnu Jean-Frédéric Chapuis. Peut-être que ça a mis un peu plus de pression dès le début de saison, car il n’y avait pas forcément ceux qu’on attendait devant. C’est notre force, mais ça coûte de l’énergie aussi de se battre dans une qualification. »

Mais les Français ne cherchent pas d’excuses à leur contre-performance. Ne leur parlez pas du parcours dangereux (plusieurs concurrents ont été évacués après de grosses chutes, dont le Français Terence Tchiknavorian), qui avait poussé les équipes à demander à ce que l’on rabote les bosses pour éviter les accidents. « On dit ce qu’on veut sur le parcours, relève François Place, mais aujourd’hui il y a un champion olympique. Il a eu le courage, pour rester poli, et lui s’impose. »

« A moins de s’appeler Superman… »

Quant à mettre ça sur le compte de la pression sur les épaules des Français, après le triplé de Sotchi, Chapuis – qui refaisait le match avec l’encadrement français après les épreuves – ne le pense pas. « C’est sûr qu’il y avait plus d’attentes, après je l’ai bien géré, ce n’est pas ça qui m’a fait louper ma course. C’est une journée sans, j’ai l’impression d’avoir fait le maximum, et aujourd’hui, c’est passé à côté. »

Mais de regretter le rendez-vous manqué, quatre ans après ce fabuleux triplé.

« Pour une discipline comme la nôtre, qui n’est pas aussi populaire que le ski alpin par exemple, c’est une course qu’il ne faut pas louper. Si on avait réussi cette course, ça nous aurait aidés à faire parler de notre sport, à le mettre plus en valeur. »

Malheureux à Sotchi, le Canadien Leman a surpris les Français et les Suisses, il remporte son premier titre olympique. « Il le mérite », souffle Bovolenta. Et Chapuis de conclure : « C’est sûr que j’aimerais tout gagner, mais à moins de s’appeler Superman, c’est compliqué de le faire. »

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