Le célèbre opposant bahreïni Nabil Rajab a été condamné à cinq ans de prison pour des tweets critiques envers le gouvernement.

La condamnation a été prononcée, mercredi 21 février, par la Haute Cour criminelle de Bahreïn, ont précisé deux ONG, le Bahrain Center for Human Rights (BCHR) et l’Institut pour les droits et la démocratie à Bahreïn (Bahrain Institute for Rights and Democracy ou BIRD).

M. Rajab, l’une des figures des manifestations de 2011 déclenchées dans le sillage du Printemps arabe, avait déjà été condamné à deux ans de prison en juillet 2017 pour « propagation de rumeurs et de fausses nouvelles » lors d’interviews télévisées critiquant le pouvoir à Manama.

Lire aussi cette tribune parue en novembre 2017 : « Nous appelons la justice du Bahreïn à libérer Nabil Rajab »

Interdit d’injurier « un pays voisin »

Dans ses tweets, Nabil Rajab critiquait l’Arabie saoudite et ses alliés, dont Bahreïn, pour leur rôle dans la guerre qui se poursuit depuis 2015 au Yémen. Il était également accusé d’avoir relayé des critiques sur des cas de torture dans la prison de Jaw, à Bahreïn. La justice a invoqué des lois interdisant d’injurier « un pays voisin » ou « les institutions nationales ».

Sayed Ahmed Alwadaei, un militant de l’Institut pour les droits et la démocratie à Bahreïn (BIRD), basé à Londres, voit dans cette nouvelle condamnation une attaque contre la liberté d’expression. « Au lieu de remercier Nabil Rajab pour ses révélations courageuses (…), les autorités ont décidé de punir le messager », a-t-il déploré.

Le 25 janvier, plusieurs groupes de défense des droits de l’homme, dont l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), avaient déclaré craindre pour la santé de Nabil Rajab, qui a été hospitalisé à plusieurs reprises en détention.

Le petit royaume de Bahreïn, siège de la Ve Flotte des Etats-Unis dans le Golfe, est dirigé par une dynastie sunnite et secoué par des troubles sporadiques depuis la répression en 2011 de grandes manifestations de la majorité chiite réclamant des réformes. Les autorités nient toute discrimination envers les chiites et accusent régulièrement l’Iran de « déstabiliser » Bahreïn, ce que Téhéran dément.