© TAKUMARU SASAKI

Ce sont des ressorts classiques que Takumaru Sasaki met au service de sa série Re: Load, éditée depuis le début de février en France chez Doki Doki. L’intrigue se noue en effet autour d’un duo qui se forme au hasard et au cœur du danger : Makoto, une enfant menacée par le clan mafieux Gomon, et Shokichi Inui, un ancien flic borderline. La ficelle n’est pas sans rappeler des films comme Le Client (1994), de Joel Schumacher, ou tout simplement Léon (1994), de Luc Besson, que le mangaka cite comme référence.

A la manière de Léon, le flic paumé et à vif qu’incarne Shokichi Inui va d’abord envisager comme une gêne cette petite voisine qui lui demande de l’aide alors que sa famille vient d’être abattue par la pègre, avant d’embrasser sa cause et de lui vouer une indéfectible amitié. Il faut dire que c’est aussi à cause du clan Gomon, qui traque ce témoin embarrassant, que la vie de l’inspecteur a basculé. L’innocente Makoto porte une considération nouvelle à l’homme désocialisé et enragé, lui redonnant un soupçon d’humanité. Toutefois, la nature de la relation qui se noue entre les deux héros passe trop rapidement du badinage à une amitié à la vie-à la mort. Un défaut imputable, probablement, au format manga, qui oblige les auteurs à appuyer sur les enjeux dès les premiers chapitres pour convaincre.

© TAKUMARU SASAKI

Le dessinateur japonais écule également un autre code du polar et des récits d’action en mettant en scène un héros torturé en marge de la loi et en quête de vengeance. A ce titre, Shokichi Inui en est une représentation parfaite, tant dans ses propos nihilistes que dans ses actions suicidaires. L’ex-flic n’a rien à perdre et verse sans sourciller dans la violence la plus pure.

Un personnage bien mis en scène qui rend d’autant plus dommage le fait que la menace que fait peser le clan Gomon, décrit comme une famille mafieuse très dangereuse, n’est qu’esquissée. Seul un des hommes de main s’avère véritablement néfaste ; les chefs yakuzas ne sont, eux, qu’évoqués.

Le manga n’édulcore pas, cependant, les scènes de violences, nombreuses. La brutalité, que l’auteur rend savamment au travers de plusieurs doubles pages sombres et nerveuses, éloignera de ce manga les lecteurs les plus sensibles.

Une planche de « Re : Load », le manga de Takumaru Sasaki aux éditions Doki Doki. / © TAKUMARU SASAKI

Re: Load, de Takumaru Sasaki, traduction d’Aurélien Estager, tome 1 le 7 février, éditions Doki Doki, 200 pages, 7,50 euros. Série complète en trois volumes.