Le ministre des affaires étrangères turc, Mevlüt Cavusoglu, a critiqué une décision « populiste », qui n’est « contraignante d’aucune façon » et qui « reflète le racisme, le sentiment antiturc et l’islamophobie croissants en Europe ». / BURHAN OZBILICI / AP

Ankara a convoqué, vendredi 23 février, le chargé d’affaires néerlandais en Turquie pour lui faire part de sa « condamnation » au lendemain d’un vote par le Parlement néerlandais d’une motion appelant à la reconnaissance du génocide des Arméniens.

La chambre basse du Parlement néerlandais a massivement approuvé jeudi par 142 voix contre trois une motion proposant « que le Parlement parle en termes clairs du génocide arménien ». Elle a également approuvé l’envoi d’un représentant du gouvernement à Erevan, la capitale arménienne, le 24 avril pour la commémoration des massacres perpétrés entre 1915 et 1917 sous l’Empire ottoman.

La Turquie refuse catégoriquement l’utilisation du terme « génocide », évoquant des massacres réciproques sur fond de guerre civile et de famine ayant fait des centaines de milliers de morts dans les deux camps.

Vendredi, le ministre des affaires étrangères turc, Mevlüt Cavusoglu, a critiqué une décision « populiste », qui n’est « contraignante d’aucune façon » et qui « reflète le racisme, le sentiment antiturc et l’islamophobie croissants en Europe ». Il a ajouté que la décision « est très mauvaise » et fondée sur « des informations insuffisantes ».

Son collègue chargé des affaires européennes, Ömer Celik, a qualifié plus tôt vendredi la motion néerlandaise de « nulle et non avenue ». Il a toutefois « noté » que l’exécutif néerlandais avait pris ses distances avec la motion parlementaire. « C’est important », a souligné M. Celik.

Ankara évoque Srebrenica, Erevan salue la décision

Signe de l’irritation provoquée par le vote des députés néerlandais, Ankara a renvoyé les Pays-Bas au massacre de plus de 8 000 garçons et hommes musulmans à Srebrenica (Bosnie) en 1995, reconnu comme « génocide » par plusieurs décisions de la justice internationale. L’enclave de Srebrenica était sous protection de casques bleus néerlandais, et La Haye a été reconnu partiellement coupable de la mort de 350 Musulmans.

« Les décisions infondées prises par le Parlement d’un pays qui a fermé les yeux sur le génocide de Srebrenica (…) n’ont aucune place dans l’histoire », a ainsi moqué jeudi soir le ministère des affaires étrangères turc.

Erevan a de son côté salué la décision du Parlement néerlandais. « Avec cette mesure, le Parlement néerlandais a réitéré son engagement pour les valeurs universelles et la noble tâche d’empêcher que des génocides et crimes contre l’humanité se reproduisent », a déclaré le ministre des affaires étrangères arménien, Edward Nalbandian, dans un communiqué.