Certaines écoles proposent de suivre un bachelor à distance. / Pexels / Creative Commons Zero (CC0)

Sur la pelouse du club de foot de Troyes, Jonathan Tinhan enchaîne les entraînements, cinq à six fois par semaine. A 28 ans, ce joueur professionnel de l’Estac (Espérance Sportive Troyes Aube Champagne), et champion de France 2012, continue de prendre plaisir sur le terrain. Mais il sait aussi qu’il ne portera pas le maillot éternellement. « Tout peut s’arrêter très vite, rien n’est stable. En neuf ans de carrière, j’ai déjà été dans sept clubs. Et puis… il y a des enjeux dans le milieu du foot qui me dépassent, qui me déçoivent. Je garde la passion du ballon, mais je prépare la transition. »

Un bon compromis

Jonathan Tinhan s’est donc engagé dans un bachelor. Un bon compromis, pense-t-il, pour organiser son emploi du temps et acquérir rapidement des connaissances opérationnelles. Le choix s’est fait par tâtonnements. Se rendre en cours, même une ou deux fois par semaine, est vite devenu un casse-tête quand les déplacements pour les matchs ont commencé.

Aujourd’hui, l’enseignement à distance lui garantit l’équilibre entre les contraintes d’un sportif de haut niveau et celles d’un étudiant. Il suit désormais deux à trois visioconférences par semaine par Skype, parfois en replay.

« Je m’impose trois à quatre demi-journées de travail par semaine. C’est une vraie discipline. »

« Tous les cours de l’année sont en ligne, donc j’avance à mon rythme. Et je complète avec le forum qui rassemble les autres étudiants de la promo et nos professeurs. Je m’impose trois à quatre demi-journées de travail par semaine. Parfois, il faut lutter contre la fatigue, c’est une vraie discipline », détaille le joueur de foot, qui a ainsi obtenu un premier bachelor « développement multimédia ». Il suit désormais, et toujours à distance, un deuxième bachelor « marketing et management du Web » auprès d’Icadémie, à Aix-en-Provence.

Bien définir son projet

Ce futur développeur ou chef de projet digital incarne bien ce que les profils cherchent avec un bachelor à distance : une formation courte, avec stage intégré, et souple dans son organisation.

Amadou Boye, conseiller en CIDJ (Centre d’information et de documentation jeunesse), constate que ces étudiants nomades sont outillés, mais il les invite à bien définir leur projet professionnel, et à bien identifier le programme, avant de regarder le côté pratique. « En France, on recense une quarantaine de bachelors à distance dont deux tiers sont reconnus », estime-t-il. Tous n’en font pas leur critère principal de choix, notamment lorsqu’il s’agit de valider un deuxième cursus. C’est alors une manière de se différencier.

« J’ai des élèves qui sont inscrits en école de commerce et qui complètent chez nous avec un bachelor à distance, sur le design graphique par exemple », note Anna Nsono, directrice de l’Inead (Institut d’enseignement à distance). Payer 2 500 euros pour avoir un CV plus « stylé » ? Les écoles voient là un vrai potentiel pour diversifier leur offre. A Lille, l’Enaco Business School, école de commerce en ligne et en alternance, a enregistré sur ses bachelors européens à distance une croissance de 38 % du nombre d’inscrits entre 2016 et 2017.

D’autres écoles sentent la tendance et planchent en ce moment pour digitaliser une partie de leur propre programme et être prêts à la rentrée 2018. En revanche, pour le Cned, le Centre national d’enseignement à distance, le bachelor n’est pas encore au programme. Quant au Cnam (Conservatoire national des arts et métiers), il reconnaît saupoudrer son catalogue de quelques rares offres. Pour le moment.

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Le Monde publie, dans son édition datée du jeudi 15 février, un supplément dédié au bachelor, ce cursus de trois années qui séduit les bacheliers pour son enseignement concret, sa proximité avec les entreprises et son incroyable ouverture à l’international. Plus accessible qu’une classe prépa, le bachelor ouvre des perspectives en termes d’insertion professionnelle comme de poursuites d’études. Est-il la prochaine révolution du supérieur ou un miroir aux alouettes ?

Les différents articles du supplément seront progressivement mis en ligne sur Le Monde.fr Campus, dans la rubrique bachelor