Une équipe de recherches s’apprête à procéder à une opération d’excavation dans la maison où vivait la famille Seznec, à Morlaix, le 24 février. / FRED TANNEAU / AFP

Un os humain, « peut-être une tête de fémur », a été retrouvé samedi 24 février lors de fouilles dans la maison où vivait la famille Seznec à Morlaix (Finistère), avec l’espoir d’y retrouver le corps de Pierre Quémeneur près d’un siècle après sa disparition, a déclaré le procureur de Brest Philippe Récappé.

« Ca pourrait être un os humain, peut-être une tête de fémur », a indiqué le procureur arrivé sur les lieux plusieurs heures après le début de fouilles dans un ancien cellier, ajoutant qu’« une photo en a été prise » et « a été transmise au médecin légiste ». Un morceau de pipe a été également retrouvé. Après cette découverte, « la PJ de Rennes a été saisie » et les « fouilles ont été bloquées », a précisé le procureur. Selon lui, « d’autres fouilles vont être menées » sous le contrôle de la police et de la justice.

Dans un premier temps, il n’a pas été possible de déterminer si l’os découvert était d’origine humaine ou animale. Une dizaine de bénévoles participaient à ces fouilles privées entamées en début de matinée dans un ancien cellier à l’aide d’une tractopelle. La propriétaire de la maison, actuellement inoccupée, a donné son autorisation pour que des fouilles soient menées dans l’ancienne cave et l’ancien cellier, selon les initiateurs des travaux.

Guillaume Seznec a été condamné en 1924 au bagne à perpétuité pour le meurtre un an plus tôt de Pierre Quémeneur, conseiller général du Finistère avec lequel il était associé en affaires, ainsi que pour des faux en écriture. Mais le corps de Quémeneur n’a jamais été retrouvé et Seznec, condamné sans preuves, n’a jamais avoué.

Des recherches faisant suite à de nouvelles révélations, en 2015

Ces nouvelles recherches sont motivées par la révélation, dans un ouvrage paru en 2015, du témoignage inédit d’un des enfants du couple Seznec, âgé de 11 ans au moment des faits. Il a été enregistré en 1978 par l’un de ses neveux.

En ce jour ensoleillé de mai 1923, « Petit-Guillaume » raconte avoir entendu sa mère repousser les avances d’un certain « Pierre », puis avoir vu Quémeneur par terre et sa mère debout devant lui. « Je crois qu’elle a dû se défendre et le frapper à la tête », racontait-t-il, selon le récit qu’en a fait Denis Langlois dans Pour en finir avec l’affaire Seznec.

En 2015, M. Langlois avait demandé au procureur de Brest de faire procéder à des investigations dans l’ancienne maison familiale pour savoir si le corps y était enfoui.

Le procureur avait rejeté cette demande, estimant qu’elle ne pouvait émaner que du condamné, de ses descendants ou des autorités judiciaires compétentes.

« Si des ossements ou des objets concernant l’affaire Seznec sont découverts » lors des fouilles entamées samedi, « nous avertirons la gendarmerie et le procureur », avait indiqué auparavant Denis Langlois, avocat entre 1976 et 1990 de la famille de Guillaume Seznec. « Une procédure de révision du procès de Seznec serait alors certainement mise en route », a-t-il ajouté. Depuis 1924, quatorze demandes en révision du procès ont été rejetées, la dernière en 2006.