L’ancien argentier du régime de Mouammar Kadhafi, Bechir Saleh, homme-clé de l’affaire du financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, a été victime d’une agression violente, vendredi 23 février, sur la route de l’aéroport de Johannesburg alors qu’il rentrait d’un déplacement au Zimbabwe.

« Ce serviteur de la Libye en réserve », comme il s’était lui-même qualifié lors d’une rencontre avec Le Monde en septembre 2017, a essuyé des tirs alors qu’il se trouvait dans sa voiture en compagnie de son chauffeur. Gravement blessé, il a été hospitalisé à l’hôpital de Milpark, mais ses jours ne seraient pas en danger. Son avocat en France, Eric Moutet, a confirmé au Monde l’agression.

Lire l’enquête du « Monde » : Bechir Saleh, le Libyen qui en savait trop

Malgré la personnalité de l’intéressé, son parcours et les nombreux secrets qu’on lui prête, son entourage se refusait toutefois à envisager qu’il ait été visé directement, même si le spectre de Choukri Ghanem est dans toutes les têtes. L’ancien ministre du pétrole libyen, qui consignait tout dans ses carnets, avait été retrouvé mort « noyé » dans le Danube, entre les deux tours de l’élection présidentielle française de 2012.

Sollicité par la justice française dans l’affaire du financement libyen de Sarkozy

La route de l’aéroport est réputée dangereuse et d’ailleurs, précise-t-on au Monde, ce genre de mésaventures est arrivé il y a peu au chef d’état-major du Togo ou encore à une députée sénégalaise. La piste d’un crime crapuleux serait ainsi privilégiée par les proches de M. Saleh qui précisent, néanmoins, que ce dernier « se sentait particulièrement menacé ces dernières semaines ».

Depuis plusieurs mois, alors qu’il vit en exil en Afrique du Sud depuis plus de cinq ans, M. Saleh a repris une intense activité diplomatique dans l’objectif de jouer à nouveau un rôle de premier plan dans la reconstruction de la Libye. L’ancien directeur de cabinet du colonel Kadhafi avait, par ailleurs, été sollicité à plusieurs reprises par la justice française pour apporter son éclairage dans l’enquête sur un possible financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, sans jamais y donner suite.

Au Monde, il avait confirmé la tenue d’un déjeuner, le 9 avril 2007, dans sa ferme des environs de Tripoli, en présence du premier ministre, Al-Baghdadi Al-Mahmoudi, et de son ami Choukri Ghanem qui consignera dans son carnet qu’à cette occasion Bechir Saleh avait prétendu « avoir envoyé 1,5 million d’euros à Sarkozy ». Au Monde, M. Saleh avait simplement affirmé : « Kadhafi a dit qu’il avait financé Sarkozy. Sarkozy a dit qu’il n’avait pas été financé. Je crois plus Kadhafi que Sarkozy. »