Impuissante face à la situation en Syrie et très prudente à l’égard de la Turquie, qui a lancé le 20 janvier une offensive contre l’enclave kurde d’Afrin (au nord-ouest d’Alep), l’Union européenne garde toutefois l’espoir de jouer un rôle au Proche-Orient. Après avoir reçu successivement le premier ministre israélien et le président de l’Autorité palestinienne, les ministres des affaires étrangères de l’UE avaient prévu de débattre, lundi 26 février, à Bruxelles, avec les ministres de pays arabes (Arabie saoudite, Egypte, Emirats arabes unis, Jordanie, Maroc), ainsi que le secrétaire général de la Ligue arabe et un représentant de l’Autorité palestinienne.

Le but affiché était, comme toujours, de favoriser un éventuel plan de paix entre Israéliens et Palestiniens. La réunion était organisée en l’attente du projet qui serait toujours en cours d’élaboration à Washington pour relancer d’éventuelles négociations après la décision, prise en décembre 2017 par Donald Trump, de transférer l’ambassade américaine à Jérusalem, qui a crispé toutes les parties.

Pour la haute représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini, ce débat (tenu en l’absence de nombreux ministres, dont ceux des cinq principaux pays de l’Union) a montré que les participants avaient une position unique, appuyée sur l’idée qu’il faut éviter « des faux pas » qui ne feraient que renforcer tous les radicalismes et « transformer un conflit politique en conflit religieux, ce qui rendrait le problème bien plus pressant encore ».

« Pas d’alternative à une solution à deux Etats »

La mention de possibles « faux pas » visait-elle l’administration Trump ? A l’évidence, mais la haute représentante ne l’a pas dit clairement. Elle rejette, par ailleurs, « toute menace » et espère seulement que le rôle de l’UE dans la région et sa connaissance de ce dossier seront pris en compte. Jusqu’ici, Washington « écouterait » les différentes parties, mais rien ne prouve que les appels du pied de Bruxelles pourraient avoir un effet quelconque sur le plan en préparation.

« La venue de tous les ministres arabes a été un signal fort, indiquant qu’il n’y avait pas de plan B, pas d’alternative à une solution à deux Etats », souligne le ministre luxembourgeois Jean Asselborn. Ce vieux routier de la diplomatie rappelle qu’après une phase tumultueuse avec les Européens l’administration de George W. Bush avait fini par reconnaître l’hypothèse d’une solution à deux Etats et avait condamné la colonisation israélienne.

Le ministre n’ose manifestement pas espérer un virage identique de Donald Trump, mais la réunion de lundi avait aussi pour but de convaincre les pays arabes comme l’Arabie saoudite ou l’Egypte – bien plus proches de Washington que de l’Union européenne – qu’ils devaient tenter d’infléchir la politique américaine dans le dossier israélo-palestinien.

« On a essayé de leur dire que leur seule priorité du moment ne doit pas être l’Iran », insiste Jean Asselborn. Le résultat ? Incertain, même si le ministre belge Didier Reynders évoque avec optimisme « une volonté commune de reprendre le chemin du dialogue ».