Avec un concours qui aboutit à l’échec des trois quarts des quelque 57 000 candidats à l’issue de la première année des études de santé (PACES), le système est, de l’avis unanime, à revoir en profondeur. « Périmé », « injuste », « inefficace », avait jugé Emmanuel Macron, durant la campagne présidentielle, promettant de s’attaquer au fonctionnement du numerus clausus, ce nombre de places fixées au concours par l’Etat qui fait tant débat. Sans en dire beaucoup plus sur l’alternative envisagée.

« Nous allons ouvrir une grande concertation en mars sur la réforme des études médicales, avec cette question du numerus clausus mais aussi, plus largement, celle du premier et du deuxième cycle des études des futurs médecins », annonce au Monde la ministre de la santé, Agnès Buzyn. Cette discussion, qui s’achèvera à l’automne, « aboutira à un projet du gouvernement sur le sujet et une loi en 2019 », détaille-t-elle. La formation et les ressources humaines sont l’un des cinq axes de la « réforme globale » du système de santé promise par le premier ministre, Edouard Philippe, le 13 février.

« Tout sera sur la table », assure la ministre, qui évoque la possibilité d’ouvrir complètement ce numerus clausus ou encore de le remplacer par un plancher. Mais elle se veut très claire : « L’objectif est de diversifier les façons d’entrer dans le cursus de santé, mais toucher au numerus clausus ne résoudra pas le problème de nos déserts médicaux. »

Bilan global en 2018

Autre sujet sensible au cœur des discussions : les expérimentations menées depuis 2013 en première année des études de santé, pour offrir des alternatives au couperet du concours. A la rentrée 2018, quatre facultés de santé (Paris-Descartes, Sorbonne-Université, Paris-Diderot et Brest) doivent bouleverser leur cursus en supprimant le redoublement en première année, remplacé par la possibilité de retenter sa chance par une voie alternative en deuxième ou troisième année de licence.

Le dispositif, soutenu par la FAGE, le syndicat étudiant majoritaire, ne manque pas de provoquer des craintes sur le développement des prépas privées. « Attention à ce que l’on ne crée pas la nécessité de faire une année zéro en amont pour avoir plus de chances de réussir », souligne Yanis Merad, président de l’association des étudiants en médecine, membre de la FAGE. « Nous serons très attentifs à la question. Mais l’objet de cette expérimentation est à l’inverse de permettre aux étudiants de progresser dans leur cursus, sans avoir à bachoter deux années de suite exactement sur la même chose, en redoublant, avec ensuite un sentiment d’échec extrêmement violent, et des années perdues », souligne la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, qui indique qu’un « bilan global de tous les dispositifs » sera effectué en 2018.

Dernier chantier d’ampleur au menu : l’avenir qui sera donné à l’examen classant national (ECN), qui intervient à l’issue de la sixième année de médecine pour déterminer la spécialité que rejoindront les futurs praticiens. Largement décrié, par les doyens de médecine et les étudiants, qui y voient une compétition bien éloignée des questions de compétences qui devraient être centrales pour décider de la carrière de chacun, il est jugé « totalement insatisfaisant » par la ministre de la santé.