Toucher des vaches, embrasser des enfants, engloutir vin et fromage, s’enquérir de la santé de la filière ovine, bovine, viticole ou laitière… Laurent Wauquiez a répondu avec entrain, mardi 27 février, au rituel cahier des charges du responsable politique en visite au Salon de l’agriculture. « Voyez comme il connaît tout ça, comme il approche les bêtes. L’année prochaine, ils vont lui demander d’être juge ! Il est chez lui ici », s’extasie Isabelle Valentin, députée de Haute-Loire, elle-même agricultrice, qui a succédé à M. Wauquiez dans sa circonscription.

Selfies avec les curieux, tutoiement avec les exposants… Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes l’assure : « L’agriculture, ce n’est pas seulement une conviction, c’est une passion. » Ce sujet permet au président du parti Les Républicains (LR) de s’afficher en représentant d’une France « enracinée » face au président de la République, Emmanuel Macron. Et de ne pas parler des tensions internes à son parti, où il est notamment la cible de critiques d’Alain Juppé, qui lui reproche ses propos tenus devant des étudiants concernant sa gestion municipale à Bordeaux.

« Une part de la culture française »

« Combien de fois, depuis qu’il est président de la République, il est venu sur une exploitation agricole ?, a demandé M. Wauquiez au sujet d’Emmanuel Macron. Moi, tous les mois, je vais échanger et discuter avec des agriculteurs. Il y a quelque chose qu’il n’a pas compris : l’agriculture en France n’est pas juste un secteur économique. C’est une part de la culture française, et c’est ça qu’il faut défendre. »

Le président de LR a réclamé au chef de l’Etat de contribuer à sanctuariser le budget de la politique agricole commune. « Nous sommes totalement opposés à la signature de l’accord avec le Mercosur », a par ailleurs assuré M. Wauquiez, en référence à ce traité de libre-échange que l’Union européenne négocie en ce moment avec certains pays d’Amérique du Sud, qui pourrait faciliter l’importation de viande en Europe.

« C’est quelqu’un qui est très proche des éleveurs », félicite Jean-Michel Esteve, qui élève des vaches dans le Cantal. L’homme a néanmoins voté aux deux tours de la présidentielle 2017 pour Emmanuel Macron. « Macron, j’ai envie de croire en lui. Mais s’il nous laisse crever, le monde paysan, qui est un monde de droite, ira vers Marine [Le Pen]. » Omettant d’inclure le nom de Laurent Wauquiez dans le paysage. Pour LR, le chemin de la reconquête s’annonce encore long.