Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s’est félicité de la signature d’accords avec l’Algérie, mardi 27 février, appelant ce pays à « faciliter » le travail des hommes d’affaires turcs sur place pour améliorer les échanges commerciaux. Ces accords vont permettre à Ankara et Alger de « diversifier leurs échanges », en attendant la signature « le plus rapidement possible de l’accord sur la protection des investissements », a déclaré M. Erdogan lors d’un discours devant des hommes d’affaires turcs et algériens, au deuxième jour d’une visite officielle en Algérie, première étape d’une tournée en Afrique.

Le président turc avait déjà insisté, dans un entretien au quotidien algérien Echorouk paru lundi, sur la nécessaire signature de cet accord bilatéral « de promotion et de protection des investissements, depuis longtemps en discussion », semblant s’impatienter sur la longueur des négociations. « Nous voyons l’Algérie comme un îlot de stabilité politique et économique dans la région. Notre premier partenaire commercial en Afrique, c’est l’Algérie », a-t-il rappelé mardi, tout en estimant que le volume des échanges commerciaux avec son pays est à un « niveau insuffisant ».

Actuellement autour de 4 milliards de dollars (près de 3,3 milliards d’euros), les échanges commerciaux doivent « atteindre dans une première étape 5 milliards, puis 10 milliards de dollars », a estimé M. Erdogan. « Les investissements et le commerce gagneront en volume à mesure que le travail de nos hommes d’affaires en Algérie sera facilité », a-t-il souligné, sans autre détail, en présence du premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, et du ministre de l’industrie, Youcef Yousfi.

Mémorandum d’entente avec Sonatrach

Dans son entretien à Echorouk, M. Erdogan avait critiqué les barrières à l’importation mises en place par l’Algérie, « qui freinent le développement des échanges commerciaux » avec son pays, et réclamé un assouplissement du système de délivrance des visas pour les citoyens turcs, particulièrement pour les hommes d’affaires.

Mardi, il s’est également dit « convaincu de la nécessité » de faire avancer rapidement la coopération dans le secteur de l’énergie, en développant notamment « des projets communs ». Le président turc s’est à ce sujet félicité de la signature, lundi soir, d’un mémorandum d’entente entre le géant national algérien des hydrocarbures, Sonatrach, et les groupes turcs Rönesans et Bayegan, « portant sur un investissement pétrochimique de 1 milliard de dollars dans la zone franche de Yumurtalik, à Adana », dans le sud de la Turquie.

Au terme de cet accord, dont les détails n’ont pas été dévoilés dans l’immédiat, Sonatrach fournira notamment la matière première pour la production de 450 000 tonnes de polypropylène par an, a indiqué M. Erdogan. Ce document figure parmi les sept « accords de partenariat et de coopération et mémorandums d’entente » dans les hydrocarbures, l’agriculture, le tourisme, l’enseignement supérieur, la diplomatie et la culture signés entre la Turquie et l’Algérie peu après l’arrivée de M. Erdogan à Alger.

Près de 800 entreprises turques en Algérie

Selon les médias étatiques algériens, 796 entreprises turques emploient plus de 28 000 personnes en Algérie. Les investissements turcs s’élèvent à plus de 3 milliards de dollars – surtout dans le textile, la pharmacie et la sidérurgie –, faisant de la Turquie le premier investisseur étranger en Algérie, hors hydrocarbures.

Mardi après-midi, selon l’agence de presse algérienne APS, M. Erdogan a été reçu par son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier, âgé de 80 ans et très affaibli depuis un accident vasculaire cérébral en 2013, reçoit peu de dignitaires étrangers et apparaît rarement en public. Le chef de l’Etat turc est attendu mercredi à Nouakchott, avant de se rendre au Sénégal et au Mali.