Le gendre du président américain, Jared Kushner, à Washington le 3 décembre 2017. / JAMES LAWLER DUGGAN / REUTERS

Jared Kushner, gendre et proche conseiller de Donald Trump, n’a désormais plus accès aux informations les plus sensibles de la Maison Blanche, une décision qui pourrait rendre encore plus délicate sa principale mission : le processus de paix au Proche-Orient.

Mari d’Ivanka Trump, fille aînée du président américain, M. Kushner, 37 ans, visage poupin et sourire poli à toute épreuve, a joué un rôle central lors de la campagne du magnat de l’immobilier, avant de devenir un influent – mais discret – conseiller à la Maison Blanche. Il avait jusqu’ici accès aux informations classifiées les plus délicates mais ne disposait pour ce faire que d’une autorisation temporaire.

Or l’exécutif américain a décidé de revoir en profondeur les procédures en place, après les révélations sur un autre conseiller, Rob Porter, ayant travaillé pendant des mois au plus près de Donald Trump sans avoir obtenu un feu vert complet à l’issue des vérifications auxquelles doivent soumettre tous ceux qui ont accès à la « West Wing ».

« Confiance réaffirmée »

S’exprimant sous couvert d’anonymat, deux sources ont confirmé les informations de Politico selon lesquelles Jared Kushner n’avait désormais plus accès aux informations « top secret ». John Kelly, secrétaire général de la Maison Blanche, s’est borné à lui réaffirmer sa confiance, dans un bref communiqué. « Comme je l’ai dit à Jared il y a quelques jours, j’ai pleinement confiance dans sa capacité à mener à bien ses tâches en matière de politique étrangère, notamment concernant nos efforts sur le processus de paix israélo-palestinien et la question de nos relations avec le Mexique », a-t-il écrit.

Reste que cette décision, qui intervient à quelques jours d’une visite Premier du ministre israélien Benjamin Netanyahu, prévue le 5 mars, soulève la question de la capacité du gendre du 45e président des Etats-Unis à mener à bien les négociations extrêmement difficiles au Proche-Orient.

« Naïveté »

Pour Aaron David Miller, ancien négociateur sur ce dossier sensible, le risque est d’abord lié à la perte de « crédibilité » auprès de ses divers interlocuteurs. « Ils savent que vous ne pouvez lire tout ce qui se dit sur eux », a-t-il souligné dans un tweet.

Selon le Washington Post, les contacts de M. Kushner avec certains responsables étrangers ont suscité des inquiétudes au sein de la Maison Blanche. Il aurait parfois agi sans en informer le Conseil de sécurité national (NSC), au grand dam du général H.R McMaster, qui le dirige.

Certains au sein de l’exécutif se sont aussi inquiétés de l’influence dont disposeraient certains interlocuteurs étrangers sur « Jared » en raison de son absence totale d’expérience diplomatique mais aussi de ses difficultés financières et des zones d’ombres entourant certaines de ses affaires.

Le quotidien évoque en particulier les interrogations de plusieurs responsables de la Maison Blanche concernant la « naïveté » de ce conseiller trentenaire et le risque qu’il se fasse « rouler dans la farine » par certains de ses contacts qui insistent pour être en contact exclusivement avec lui.

Enquête du FBI

Le nom de Jared Kushner est par ailleurs apparu dans l’enquête du FBI, désormais dans les mains du procureur spécial Robert Mueller, sur une éventuelle coordination entre des membres de l’équipe de campagne de Donald Trump et la Russie.

Diplômé d’Harvard et de New York University en droit, Jared Kushner a repris les rênes de l’entreprise familiale d’immobilier, dont certaines transactions se sont révélées hasardeuses, à l’image du rachat à un prix extravagant de la tour du 666 Cinquième Avenue à New York, en 2007.

Durant la campagne, nombre de diplomates étrangers avaient appris à passer par lui pour tisser des liens avec l’adversaire d’Hillary Clinton, au cas où… Ce fut notamment, mais pas exclusivement, le cas des Japonais, qui décrocheront grâce à lui la première rencontre, en novembre 2017, de Donald Trump, alors président élu, avec un dirigeant étranger, Shinzo Abe. Un réel point d’interrogation pèse désormais sur l’avenir politique de ce « gendre idéal » toujours tiré à quatre épingles.