Un véhicule autonome d’Uber dans les rues de San Francisco, en Californie, en mars 2017. / JUSTIN SULLIVAN / AFP

Nouveau feu vert pour les voitures sans conducteur en Californie. Lundi 26 février, les autorités de l’Etat américain le plus peuplé ont assoupli leur réglementation dans ce domaine, autorisant les essais sans la présence d’un opérateur derrière le volant prêt à reprendre le contrôle du véhicule en cas d’urgence. Cette décision ouvre la voie au lancement de réseaux de taxis autonomes, promis notamment en 2018 par Google et en 2019 par General Motors.

Les nouvelles règles, qui entreront en vigueur le 2 avril, prévoient plusieurs garde-fous. Les sociétés souhaitant mener des tests devront demander un nouveau permis auprès du Department of Motor Vehicles (le département des véhicules motorisés, DMV).

Elles devront aussi mettre en place un système de contrôle à distance, avec à un opérateur pouvant prendre les commandes, ou encore un « plan d’interaction » avec les forces de l’ordre, notamment pour leur permettre de désactiver la fonction autonome. Par ailleurs, une autre autori­sation sera nécessaire pour transporter des passagers payants.

L’allégement des contraintes était réclamé par les entreprises du secteur. Elles assurent que cela va leur permettre d’accélérer leurs essais. Elles pourront déployer davantage de voitures sur les routes car les opérateurs, qui doivent obtenir un permis spé­cifique, pourront désormais superviser plusieurs véhicules en même temps. « Ils tenteront de contrôler le robot de très loin, ­déplore John Simpson, de l’organisation de défense des consommateurs Consumer Watchdog. Ce sera comme un jeu vidéo, sauf que des vies seront en jeu. »

57 accidents en quatre ans

La Californie s’était dotée d’un premier cadre réglementaire dès 2014. Celui-ci requiert la publication du nombre de « désengagements », c’est-à-dire le nombre de fois où le conducteur s’est substitué au pilote automatique. Si la fréquence des interventions humaines tend à reculer, elle demeure élevée chez certaines entreprises.

Depuis 2014, 50 sociétés ont obtenu un permis auprès du DMV. On y retrouve des géants de la Silicon Valley, comme Google, Apple et Uber ; de grands constructeurs automobiles, dont General Motors, Toyota et Volkswagen ; et de nombreuses start-up. La très grande majorité des tests est effectuée dans la région de San Francisco. En quatre ans, 57 accidents ont été signalés, dont la moitié au cours des douze derniers mois.

La Californie n’est pas le premier Etat américain à ne plus exiger la présence d’un opérateur à bord d’un véhicule autonome. Elle a été devancée par le Michigan, le Nevada ou l’Arizona. C’est dans cet Etat voisin de la Californie que Google, par le biais de sa filiale Waymo, a effectué fin 2017 ses premiers kilomètres sans un opérateur derrière le volant. Fin janvier, elle a obtenu l’autorisation de déployer un service de taxis robots.

General Motors assure qu’il suivra la même voie dans plusieurs villes américaines. « D’autres projets devraient être annoncés pour 2018 ou 2019 », prédit Egil Juliussen, du cabinet IHS Automotive. Ces plates-formes de transport présentent un avantage. « En ­connaissant le point de départ et d’arrivée, on peut déterminer si le trajet peut être effectué de manière autonome », souligne M. Juliussen. Une limitation qui rappelle que la route reste longue.