Le Premier ministre du Canada Justin Trudeau et son ministre des finances Bill Morneau à la sortie du vote sur le budget, le 27 février. / BLAIR GABLE / REUTERS

Le gouvernement canadien a présenté mardi 27 février un budget 2018/2019 avec une attention particulière accordée à l’égalité des genres, Ottawa espérant attirer davantage de femmes sur le marché du travail dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre.

Chantre de l’égalité homme-femme, Justin Trudeau a donc décidé d’en faire le thème principal de son budget 2018/2019, année de la présidence canadienne du G7, avec plus d’une vingtaine de mesures visant les femmes. « En janvier 2018, seulement 61 % des femmes participaient à l’économie, comparativement à 70 % des hommes » et elles sont trois fois plus susceptibles d’occuper un emploi à temps partiel, relève le budget.

Equité salariale

Pour remédier à cette situation, le gouvernement souhaite par exemple la mise en place d’un régime d’équité salariale pour les administrations fédérales, la création d’un ministère dédié, ou encore faciliter la réussite des femmes en entrepreneuriat.

Egalement, l’aide aux victimes d’agressions sexuelles dans le cadre du travail va être accrue, dans le sillage du mouvement #MeToo à la suite de l’affaire Weinstein.

Ottawa veut par ailleurs créer un congé de paternité de cinq semaines, avec 1,2 milliard de dollars sur cinq ans. Actuellement, seul le Québec dispose d’une telle mesure.

En facilitant l’accès des femmes au marché du travail, le gouvernement Trudeau compte également remédier à l’épineuse question du vieillissement de la population canadienne. « Pour la première fois de notre histoire, on compte maintenant un plus grand nombre de Canadiens âgés de 65 ans ou plus que de jeunes de moins de 15 ans », a remarqué le ministre des finances Bill Morneau en déposant le budget fédéral à la Chambre des Communes. Selon l’institut de la statistique, la population de 65 ans et plus a augmenté de 15 % en cinq ans.

Couverture médicaments

En outre, Ottawa annonce la formation d’une commission devant étudier la mise en place d’un programme public « d’assurance-médicaments » au niveau du Canada. La province du Québec en a déjà un.

Le budget fédéral prévoit de nouveaux investissements dans la cybersécurité, la protection de l’environnement, le logement et des mesures d’urgence pour la santé et la lutte contre le fléau des opiacés.

La récente réforme fiscale aux Etats-Unis, avec l’allégement de l’impôt pour les entreprises, n’est pas suivie par le gouvernement Trudeau même si la concurrence est sévère pour les employeurs canadiens. M. Morneau a dit vouloir encore attendre avant de revoir le taux d’imposition fédéral.

Investir dans la science

Le Canada va suivre « d’une manière prudente et responsable » les effets des réformes américaines, « en laissant les faits, et non les émotions, guider nos décisions », a déclaré le ministre des finances. Outre l’accent sur l’équité homme-femme, les libéraux de Justin Trudeau ont accordé un « investissement sans précédent », selon eux, dans la science avec 1,7 milliard de dollars canadiens sur cinq ans pour la recherche.

Mais ce budget ne prévoit que peu de nouvelles initiatives : 7,6 milliards de dollars sont consacrés à de nouveaux programmes sur un total de 338,5 milliards de dollars (216,57 milliards d’euros) de dépenses publiques prévues.

Avec des recettes budgétaires prévues de 323,4 milliards de dollars, le déficit devrait se réduire d’un peu plus d’un milliard de dollars canadiens à 18,1 milliards, et représenter 0,8 % du produit intérieur brut (PIB).

Pour bâtir son budget, qui court du 1er avril 2018 au 31 mars 2019 (sept mois avant les élections législatives), le ministre des finances a retenu les dernières hypothèses de la Banque centrale : une croissance du PIB de 2,2 % en rythme annuel en 2018 et de +1,6 % l’an prochain. Une croissance ralentie par rapport aux plus de 3 % obtenus l’an dernier, selon les dernières estimations. « Jamais un politicien n’a dépensé autant pour accomplir si peu. Justin Trudeau n’obtient toujours pas les résultats qui comptent », a réagi Andrew Scheer, chef de l’opposition conservatrice.