La Bourse de Paris fait de moins en moins peur aux épargnants français. / Guilhem Vellut CC@2.0

Quels ont été les choix d’épargne gagnants ces 30 dernières années ? Dans son premier baromètre annuel de l’épargne et de l’investissement, publié en février, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a comparé les performances réelles, entre 1987 et 2017, de trois placements : le Livret A, les obligations d’État françaises (coupons réinvestis), et les actions françaises du CAC 40 (dividendes réinvestis).

Grâce à la baisse continue des taux d’intérêt, les obligations ont affiché des performances exceptionnelles sur la période étudiée. Entre 1987 et 2017, pour un placement ponctuel d’une durée de 10 ans, le rendement annualisé réel (net de l’inflation) s’est en moyenne élevé à 5,7 % pour les obligations, contre 5,6 % pour les actions et 1,3 % pour le livret A.

Pour se rapprocher des niveaux de rentabilité dont ont réellement bénéficié les épargnants, l’AMF a pris en compte l’impact des frais et de la fiscalité. Ainsi, toujours sur la même période et pour des durées de 10 ans, il ressort que le rendement annualisé réel (net de l’inflation, des frais et de la fiscalité) s’est en moyenne élevé à 3,3 % pour les obligations contre 2,7 % pour les actions et toujours à 1,3 % pour le Livret A (non fiscalisé).

Ces performances des obligations d’État ne seront pas reproduites dans les années qui viennent, compte tenu des niveaux actuels, très bas, des taux d’intérêt. Cette situation pourrait-elle inciter les épargnants à se tourner vers les placements en actions ? C’est ce que suggère l’AMF, qui a constaté en 2017, pour la première fois depuis la crise financière de 2008, un léger rebond du taux de détention des actions.

Interrogés sur leurs préférences en matière de placement, plus d’un tiers des sondés déclarent qu’ils sont prêts à accepter de prendre un peu de risque dans l’espoir d’obtenir une meilleure rémunération. Parallèlement, 28 % des sondés déclarent s’intéresser à la Bourse et 44 % pensent que les placements en actions sont les plus intéressants à long terme. Enfin, 56 % des sondés pensent qu’investir en actions est une bonne idée pour diversifier leurs placements.

Les épargnants les plus enclins aux placements en actions (3 Français sur 10) sont aussi plus experts, plus optimistes et plus impliqués que la moyenne des Français. Ils sont 40 % à envisager d’y souscrire au cours des 12 prochains mois (18 % pour l’ensemble des Français). « Le nombre d’investisseurs en Bourse pourrait augmenter significativement ces prochaines années », estime l’AMF. Un optimisme qu’il convient de relativiser : les boursiers aguerris savent que lorsque les petits porteurs reviennent en Bourse attirés par plusieurs années de hausse, le retournement de tendance n’est jamais très loin…

Dans l’esprit d’une majorité de Français, la Bourse n’est cependant pas destinée au plus grand nombre : les placements en actions sont considérés comme trop risqués (67 %) et réservés à ceux qui disposent de temps (63 %), d’argent (58 %) et de connaissances suffisantes (71 %). Parmi ceux qui sont d’accord avec ces affirmations, on trouve plus souvent les 50-64 ans, les femmes et, plus généralement, ceux qui sont inquiets quant à l’évolution de leur propre situation économique et financière.

Néanmoins, l’idée que « la Bourse ne rapporte rien au final » est réfutée par une majorité de Français. Ils sont même 44 % à penser que les placements en actions sont les plus intéressants à long terme, parmi lesquels une majorité d’épargnants disposant d’un patrimoine financier supérieur à 30 000 euros.

Malgré les images parfois négatives véhiculées sur la Bourse, 28 % des sondés expriment un intérêt pour les actions. C’est même le cas de 47 % de ceux qui disposent d’un patrimoine financier de plus de 50 000 euros et des professions supérieures (cadres, professions libérales, 37 %).

Sans surprise, lorsque les Français sont interrogés sur leur choix s’ils avaient 10 000 euros à placer, leur préférence va aux livrets d’épargne, à l’assurance-vie en euros et à l’épargne logement. Ces placements sont surtout plébiscités pour la disponibilité des fonds et la sécurité.

Seulement 17 % des Français citent les placements financiers (actions, fonds, sicav…). Leur principal critère de choix est alors le potentiel de rendement. Ceux qui sont prêts à investir en Bourse sont souvent ceux qui détiennent plus de 50 000 euros de patrimoine financier (33 %) et ceux qui veulent se constituer un capital en vue de la retraite (20 %).