L’ex-responsable des PME de l’administration Obama a annoncé jeudi 1er mars être arrivée à un accord pour reprendre le studio Weinstein, au bord de la faillite en raison du scandale d’agressions sexuelles entourant son co-fondateur Harvey Weinstein. « Notre équipe est heureuse d’annoncer que nous avons franchi un pas important et trouvé un accord pour acheter des actifs de la Weinstein Company pour lancer une nouvelle société, avec un nouveau conseil d’administration et une nouvelle vision incarnant les principes que nous défendons depuis le début du processus à l’automne », a déclaré la responsable, Maria Contreras-Sweet, dans un communiqué jeudi soir. « Ces principes n’ont jamais varié et consistent à bâtir un studio de cinéma mené par un conseil composé d’une majorité de femmes indépendantes », à « sauver 150 emplois », et « créer un fonds de compensation des victimes », a-t-elle ajouté.

Proche du dépôt de bilan

Cette annonce intervient alors que la Weinstein Company (TWC) avait annoncé dimanche être prête à déposer le bilan, précisément faute d’accord avec le groupe d’investisseurs emmené par Mme Contreras-Sweet et le milliardaire Ron Burkle. La TWC n’a pas immédiatement confirmé jeudi soir que les deux parties étaient bien parvenues à un accord.

En annonçant son prochain dépôt de bilan dimanche, la TWC avait fait de multiples reproches à Mme Contreras-Sweet, laissant entendre que les relations entre les deux parties étaient difficiles. Mme Contreras-Sweet s’était dite « surprise » de ces critiques, assurant vouloir « créer une société dirigée par des femmes, capable de « servir d’exemple » dans un pays où le #MeToo a fait chuter de nombreux hommes de pouvoir.

Elle n’a jeudi donné aucun détail sur l’accord apparemment trouvé, ni confirmé le montant de l’opération. Jusque-là, le projet était évalué à 500 millions de dollars, dont 225 millions de dollars de reprise de dettes.

Dédommager les victimes

Les négociations avaient failli aboutir une première fois début février. Mais le procureur général de New York, Eric Schneiderman, avait au dernier moment bloqué de facto l’accord, en exigeant que la nouvelle société n’emploie aucun ancien dirigeant de la TWC ayant couvert les abus sexuels du producteur, et que le projet prévoie suffisamment d’argent pour dédommager ses victimes.

La société, fondée en 2005 par Harvey Weinstein et son frère Robert après qu’ils eurent revendu Miramax à Disney, est plongée dans la tourmente depuis la publication des premières accusations d’abus sexuels contre Harvey Weinstein le 5 octobre.

Harvey Weinstein en a été écarté dès le 8 octobre. Mais depuis, plus d’une centaine de femmes, dont des célébrités internationales comme Ashley Judd, Gwyneth Paltrow ou Salma Hayek, ont accusé le producteur de les avoir sexuellement harcelées, agressées ou violées.

Plusieurs d’entre elles ont attaqué Harvey Weinstein et la TWC en justice, des plaintes qui pourraient se traduire par des millions de dollars à payer en dommages et intérêts.

Après avoir produit des films à succès comme « Le discours d’un Roi » ou « The Artist », la plupart des projets qu’elle avait dans ses cartons sont aujourd’hui suspendus.

Les dates de sortie de films déjà achevés, comme « The Upside », un remake du film français « Les Intouchables », ou « The War with GrandPa », une comédie avec Robert de Niro, ont été repoussées sine die. Et les droits sur plusieurs projets en gestation ont été vendus, notamment ceux d’un film de Quentin Tarantino sur les célèbres meurtres commis par les disciples de Charles Manson en 1969, cédés à Sony.