Le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD) annoncera, dimanche 4 mars à 9 heures du matin, le résultat de la consultation qu’il a lancée auprès de ses 463 723 adhérents. Ceux-ci avaient jusqu’à vendredi pour renvoyer par la poste le bulletin de vote qui leur a été adressé, mi-février, et sur lequel il leur était demandé de répondre à la question suivante : « Le SPD doit-il approuver le “contrat de coalition” négocié avec l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et l’Union chrétienne-sociale (CSU) en février 2018 ? »

Si le oui l’emporte, le SPD participera pour la quatrième fois à un gouvernement de « grande coalition » aux côtés des conservateurs (CDU-CSU).

Ce type de coalition n’avait été expérimenté qu’une seule fois en plus d’un demi-siècle au niveau du gouvernement fédéral (1966-1969). Il est devenu la norme avec Angela Merkel.

Depuis son élection à la chancellerie, en 2005, la présidente de la CDU a gouverné à deux reprises avec le SPD (2005-2009 et 2013-2017). Entre 2009 et 2013, elle avait fait alliance avec les libéraux-démocrates (FDP).

Si le non l’emporte, en revanche, l’Allemagne serait dans une situation politique inédite : soit un gouvernement minoritaire serait constitué, soit le Bundestag serait dissous afin que de nouvelles élections législatives soient organisées.

Un parti en crise

Aux dernières élections législatives, le 24 septembre 2017, le SPD a obtenu le pire résultat de son histoire : 20,5 % des voix. En 1998, année de l’élection de Gerhard Schröder à la chancellerie, il avait recueilli 40,9 % des voix. En vingt ans, son poids électoral a donc été divisé par deux.

Sur la même période, les effectifs du SPD ont également chuté. En 1998, le parti comptait 775 036 adhérents. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 463 723.

Malgré cette baisse, le SPD reste le parti politique allemand ayant le plus grand nombre d’adhérents, devant la CDU, qui en compte 427 173 (chiffres de novembre 2017).

Une récente vague d’adhésions

Cette baisse a toutefois été endiguée au cours de la dernière année. En janvier 2017, la désignation de l’ex-président du Parlement européen, Martin Schulz, comme candidat du SPD à la chancellerie huit mois avant les législatives, a provoqué une importante vague d’inscriptions.

Pour la première fois depuis 1990, le SPD a terminé l’année avec plus d’adhérents qu’il ne l’avait commencée.

Depuis janvier, la perspective de pouvoir participer à la consultation interne sur la « grande coalition » a provoqué une nouvelle vague d’adhésion : entre le 1er janvier et le 6 février, date avant laquelle il fallait s’inscrire pour pouvoir voter, 24 339 personnes ont adhéré au SPD.

Un parti de fonctionnaires, masculin et vieillissant

La dernière étude complète sur le profil des adhérents des partis politiques allemands a été publiée en 2017 par Oskar Niedermayer, professeur de science politique à la Freie Universität de Berlin, et porte sur les chiffres de 2016.

Selon cette étude, 32,2 % des adhérents du SPD sont des femmes. En Allemagne, seuls deux partis comptent plus de femmes parmi leurs membres : les Verts (39 %) et le parti de gauche radicale Die Linke (36,9 %). A la CDU, 26 % des adhérents sont des femmes.

L’âge moyen des adhérents du SPD est de 60 ans (comme à la CDU). 54,3 % d’entre eux ont plus de 60 ans. En 1990, les plus de 60 ans n’étaient que 24,6 %.

42 % des adhérents du SPD sont des fonctionnaires en activité ou à la retraite, 30 % sont employés dans le secteur privé, 16 % sont ouvriers. 42 % sont syndiqués.

Un parti rhénan

Un quart des adhérents du SPD sont encartés en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, ce qui correspond à peu près au poids démographique de ce Land par rapport à la population allemande.

Plus vieille région industrielle du pays, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, où est notamment situé le bassin minier de la Ruhr, a été dirigée pratiquement sans interruption par le SPD du milieu des années 1960 à 2017, date à laquelle la CDU a remporté les élections régionales.

Seuls 5 % des adhérents du SPD sont issus des Länder d’ex-Allemagne de l’Est (8 % si l’on inclut Berlin). C’est près de trois fois moins qu’à la CDU (13,5 %).

Un parti divisé

En 2013, 75,93 % des adhérents du SPD avaient voté en faveur du « contrat de coalition » signé avec la CDU-CSU. Le taux de participation avait été de 78 %.

Cette année, l’issue du vote est plus incertaine. La plupart des observateurs s’attendent cependant à ce que le oui l’emporte.

« Je pense qu’il y aura une majorité pour le oui. Cela s’explique par le profil des gens qui votent. Ce sont en majorité des gens âgés de plus de 60 ans, qui ne sont peut-être pas emballés par l’idée d’une nouvelle grande coalition, mais qui préfèrent tout de même ça au chaos », explique Ulrich von Alemann, professeur émérite de science de politique à l’université Heinrich-Heine de Düsseldorf (Rhénanie-du-Nord-Westphalie).

« Le parti est très divisé, mais ce n’est pas un camp contre un autre car la plupart des gens sont très partagés à l’intérieur d’eux-mêmes, estime quant à lui le politologue Timo Grunden, conseiller politique du groupe SPD au Parlement régional de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Je pense néanmoins que le oui l’emportera, même si depuis le référendum sur le Brexit et l’élection de Donald Trump les pronostics sont vraiment hasardeux. »

Réponse dimanche à 9 heures du matin.