Des frappes à Damas, en Ghouta orientale, le 3 mars. / ABDULMONAM EASSA / AFP

Les forces du régime syrien et leurs alliés ont repris samedi 3 mars des secteurs périphériques de l’enclave rebelle dans la Ghouta orientale. Soutenu par son allié russe, le régime de Bachar al-Assad a accentué ces derniers jours les attaques au sol contre les rebelles dans les secteurs périphériques de l’enclave rebelle dans la Ghouta orientale, aux portes de Damas, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Après avoir reconquis plusieurs localités à la faveur de ces combats, le régime a repris le contrôle de 10 % du secteur tenu par les insurgés, dont les localités de Nachabiyé et de Hazarma, selon le quotidien pro-étatique Al-Watan. « La superficie de la Ghouta [rebelle] se rétrécit », assure le quotidien sur son site. Ces nouveaux territoires conquis forment un croissant allant de l’est au sud-est de l’enclave rebelle.

Auparavant, elles avaient notamment pris le contrôle des deux localités d’Otaya et Chifouniya, ainsi que deux bases militaires aux mains de Jaich al-Islam, l’un des groupes rebelles contrôlant l’enclave, selon la même source. « Cette progression rapide est due au fait qu’il s’agit principalement de zones agricoles », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Un scénario qui rappelle Alep

Le pouvoir syrien ne cache pas son intention de reconquérir l’ensemble de la Ghouta orientale après avoir dépêché des renforts mi-février autour de l’enclave rebelle, où quelque 400 000 civils sont assiégés depuis 2013. Les prorégime contrôlent déjà les deux tiers de la Ghouta, et les rebelles un tiers.

Evoquant « la progression de l’armée dans la Ghouta orientale », le vice-ministre syrien des affaires étrangères Ayman Soussane a assuré que « les terroristes goûteront à la défaite prochainement dans la Ghouta, comme ils l’ont connue à Alep », deuxième ville du pays. Le scénario n’est pas sans rappeler ce qui s’est passé en 2016 à Alep, où les rebelles ont dû abandonner leurs quartiers, après un siège asphyxiant et des bombardements dévastateurs du régime et de son allié russe.

Sur un autre front de la guerre en Syrie, au moins 36 membres des forces prorégime ont été tués samedi dans des frappes de la Turquie dont l’armée mène une offensive à sa frontière contre l’enclave kurde syrienne d’Afrin, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Déclenché en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, le conflit qui entre le 15 mars dans sa huitième année s’est complexifié, avec l’intervention militaire de puissances étrangères et de groupe djihadistes, et a fait plus de 340 000 morts.

Un couloir humanitaire resté vide

Avec l’intensification des combats au sol, les raids aériens ont diminué à la faveur d’une trêve quotidienne de cinq heures entrée en vigueur mardi, à l’initiative de Moscou. Samedi, six civils ont péri, selon l’OSDH. Au total, 642 civils dont 152 enfants ont été tués dans la campagne aérienne d’une rare intensité lancée par le régime le 18 février.

Un couloir humanitaire censé permettre l’évacuation des civils, des malades ou des blessés de la Ghouta et l’entrée de convois d’aides, est resté néanmoins vide. Au grand dam des habitants assiégés qui souffrent de pénuries de nourriture et de médicaments.

Emmanuel Macron et le secrétaire général des Nations unies (ONU) Antonio Guterres ont exprimé leur « grave préoccupation » face à cette situation. Lors d’un entretien téléphonique samedi soir, ils ont « réaffirmé leur pleine détermination à faire appliquer par le régime syrien et ses alliés la résolution 2401, notamment sur l’accès humanitaire », a rapporté l’Elysée.

« Les convois de l’ONU doivent livrer dès à présent l’assistance médicale et alimentaire indispensable aux populations assiégées », a ajouté la présidence française. Emmanuel Macron s’entretiendra dimanche de la Syrie avec son homologue iranien Hassan Rohani, Téhéran étant l’un des principaux soutiens du régime syrien.