Aux alentours de 0 h 30, la coalition de droite formée autour de Forza Italia (Silvio Berlusconi), la Ligue du Nord (Matteo Salvini) et Fratelli d’Italia est donnée en tête. / Alessandra Tarantino / AP

Aucune majorité parlementaire claire ne se dessinait dimanche 4 mars au soir en Italie, selon les premières projections réalisées à partir de sondages à la sortie des urnes. Les Italiens étaient appelés à élire pour cinq ans les 630 membres de la Chambre des députés et les 315 membres du Sénat. Au terme de ce premier tour, le pays s’oriente vers une situation de blocage politique.

Aux alentours de 0 h 30, la coalition de droite formée autour de Forza Italia (Silvio Berlusconi), la Ligue du Nord (Matteo Salvini) et Fratelli d’Italia est donnée en tête. Mais, avec un score cumulé estimé à 36 %, elle ne devrait pas être en mesure de décrocher une majorité absolue à la Chambre des députés et au Sénat. A la Chambre des députés, où la majorité absolue est à 316 élus, la coalition emporterait entre 225 et 265 élus, rapporte la RAI.

M5S, premier parti

Cette journée d’élection marque alors la victoire des partis « anti Europe » au profit des partis traditionnels. Ainsi, au niveau des partis, c’est le Mouvement 5 étoiles (M5S) qui arrive très largement en tête, avec un score estimé autour de 31 % selon les instituts qui confirment la percée spectaculaire d’un parti créé en 2009 seulement. Ainsi, le parti obtiendrait entre 195 et 235 sièges. « Nous pouvons déjà dire que si ces résultats sont confirmés, ce sera un événement historique extraordinaire. Nous serons un pilier de la législature », a déclaré Alfonso Bonafede du mouvement anti-système sur l’antenne de la 7, ajoutant toutefois qu’il fallait rester prudent à ce stade.

Le Parti démocrate (PD), au pouvoir, est projeté lui entre 21 et 23 %, un revers qui pourrait le renvoyer dans l’opposition. « Si c’est le résultat, pour nous, c’est une défaite », a commenté Ettore Rosato, président PD de la Chambre des députés. Le Parti démocrate (gauche, au pouvoir) décrocherait entre 115 et 155 à la Chambre des députés.

A droite, Forza Italia et la Ligue du Nord sont donnés au coude à coude. Les deux partis, dans le cadre de leur accord de coalition, sont convenus que la formation qui arriverait en tête prendrait la tête d’un éventuel gouvernement. Fratelli d’Italia, la formation d’extrême droite alliée à leur coalition, est donnée à 4,4 %.

Au cours de la campagne, les chefs des partis et coalitions en présence ont affirmé qu’il n’y aurait pas de négociations post-électorales. Mais l’histoire politique de l’Italie est riche de compromis inattendus ayant permis de débloquer des situations a priori inextricables. Alessandro Di Battista, élu du M5S a affirmé que « tout le monde devra venir discuter avec nous. »

40 % pour obtenir une majorité

Les résultats complets ne sont pas attendus avant plusieurs heures et les sondages sortie des urnes en Italie se sont souvent révélés trompeurs par le passé. Mais si les projections pointent dans la bonne direction, l’Italie, troisième puissance économique de la zone euro, se dirige vers une situation de blocage politique.

Ce scrutin avait lieu en vertu d’une nouvelle loi électorale complexe. Adopté fin 2017, ce système jamais testé jusqu’à dimanche prévoit que 37 % des sièges sont alloués au scrutin majoritaire uninominal à un tour, 61 % à la proportionnelle et 2 % désignés par les Italiens de l’étranger. Politologues et sondeurs estimaient qu’un parti ou une coalition devrait décrocher au moins 40 % des voix pour obtenir une majorité au Parlement.

Les deux chambres du nouveau Parlement siégeront pour la première fois le 23 mars prochain. Les discussions formelles en vue de constituer un gouvernement ne devraient pas commencer avant début avril.