Les meurtres du journaliste Jan Kuciak et de sa compagne Martina Kusnirova, retrouvés tués par balle le 25 février dans leur maison à Velka Maca, secouent la Slovaquie. Jan Kuciak s’était spécialisé dans les affaires de corruption, et enquêtait sur celles concernant les possibles liens entre le monde des affaires et le parti SMER-SD du premier ministre, Robert Fico. Le journaliste de 27 ans a été abattu alors qu’il était sur le point de publier un article sur les liens présumés entre des hommes politiques slovaques et des hommes d’affaires italiens soupçonnés d’être liés à la mafia calabraise, opérant en Slovaquie.

Cette affaire a désormais des répercussions politiques d’ampleur. En effet, le président slovaque, Andrej Kiska, a lancé un appel, dimanche 4 mars, à un remaniement profond du gouvernement ou à des élections anticipées. « Je vois maintenant deux solutions : un remaniement en profondeur du gouvernement (…) ou des élections anticipées qui seraient la solution la plus naturelle dans nombre de pays démocratiques », a-t-il déclaré. De son côté, M. Fico a accusé l’opposition d’instrumentaliser ce meurtre comme un « outil politique pour faire sortir les gens dans la rue ». Deux proches collaborateurs du premier ministre ont cependant quitté leur poste après la publication posthume de l’article de Jan Kuciak : sa conseillère Maria Troskova et le responsable du conseil de sécurité nationale, Viliam Jasan.

L’assassinat de Jan Kuciak et de sa fiancée relance le débat sur la liberté de la presse et la corruption, tant en Slovaquie qu’en Europe. D’autant plus qu’il intervient quelques mois après l’assassinat à Malte, en octobre 2017, de la journaliste Daphne Caruana Galizia, qui avait dénoncé la corruption sur cette île méditerranéenne.