De nombreux commerces étaient fermés lundi 5 mars dans la capitale éthiopienne Addis Abeba en guise de protestation contre l’état d’urgence imposé mi-février par le gouvernement, a rapporté un journaliste de l’AFP.

Dans la ville et dans plusieurs localités de sa périphérie en région oromo – principal foyer de la contestation antigouvernementale de ces trois dernières années –, les rues étaient inhabituellement calmes. « Nous avons peur. La grève est une réponse à la crainte » que nous inspire l’état d’urgence, a expliqué à l’AFP un habitant de Burayu, sous couvert de l’anonymat de peur d’être arrêté par la police.

Sur les axes routiers de sortie de la capitale, de nombreux bus et poids lourds étaient en file indienne à l’arrêt, de peur d’être pris pour cible s’ils s’aventuraient en dehors de la ville. « Nous ne prendrons pas la route car les camions ne peuvent pas passer : nous pourrions être visés par des jets de pierres », a déclaré à l’AFP un chauffeur de poids lourd.

Démission surprise du Premier ministre

L’état d’urgence décrété le 16 février, au lendemain de la démission surprise du Premier ministre, Hailemariam Desalegn, après six ans à la tête du pays, interdit toute grève ou entrave à la circulation.

Un premier état d’urgence instauré entre octobre 2016 et août 2017 avait ramené, au prix de milliers d’arrestations, un calme relatif dans le pays, confronté à un mouvement de contestation antigouvernementale sans précédent depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuel régime, en 1991.

Les quatre partis qui forment la coalition au pouvoir, l’EPRDF, ont multiplié ces derniers jours des consultations internes en vue de la nomination prochaine d’un successeur à M. Hailemariam.