Enseigne Google à l’incubateur de start-up Station F, à Paris le 15 février. / BENOIT TESSIER / REUTERS

Depuis 2012, lorsqu’on tape une question sur Google, la réponse s’affiche parfois directement sous la forme d’un texte court, dans un petit encadré. Promue en haut de la page, elle prend la place des résultats de recherche classiques, qui sont relégués plus bas. L’internaute obtient donc une réponse immédiate, ce que Google appelle un « extrait optimisé » résumant une page Web sur laquelle l’internaute n’a plus besoin de cliquer. Or selon Google, cette réponse ne suffit pas toujours à satisfaire la curiosité de l’utilisateur, estime l’entreprise dans un billet de blog publié mercredi 28 février.

Dans certains cas, deux réponses distinctes pourraient lui rendre un meilleur service. C’est du moins l’hypothèse du géant de la recherche Internet, qui a décidé de tester un système de réponses doubles. Dans le cadre de ce test, une seconde fenêtre d’information s’affichera au-dessous de la première, contenant une question et une réponse alternatives. Au passage, les résultats de recherche classiques seront repoussés encore plus bas.

Un exemple de double réponse issue du programme de test de Google. / google

Google cite un exemple de requête : « oreilles douloureuses avion ». L’auteur de cette recherche souhaite-il découvrir les causes de cette douleur, ou obtenir un remède qui permette de s’en débarrasser ? Google explique qu’avec ce système, « nous parvenons à mieux comprendre [la recherche de l’utilisateur], et déterminer quand la question ouvre la voie à des interprétations multiples ».

Plusieurs intentions possibles

Google réfléchit à d’autres types de requêtes qui profiteraient de réponses multiples, tout en citant un seul exemple sur son blog : les conseils pratiques. La requête « réparer mes fondations vaut-il le coup ? » pourrait par exemple générer différentes réponses portant sur le coût, la durée, les techniques de construction, le financement, etc.

Le principe des réponses multiples pourrait aussi constituer une réponse à un problème plus délicat. Les extraits optimisés de Google ont récemment été la cible de vives critiques adressées par la presse américaine. Un article du Wall Street Journal (WSJ) soulignait fin 2017 l’importance de ces petits encadrés, qui mettent en valeur une information au détriment de toutes les autres sources répondant à la même question. Au passage, le quotidien américain souligne le danger de confier cette tâche sensible à un programme informatique automatisé.

Luter contre les erreurs ?

Qui plus est, les réponses promues par Google sont loin d’être toujours exactes, comme le prouvent de nombreux exemples cités par le WSJ. Entre autres, l’ancien président américain Barack Obama était présenté en 2017 comme un membre musulman du congrès américain. Une étude de l’agence de marketing Stone Temple publiée en mars 2017 évaluait le taux de réponses erronées à 2,6 % sur un total de 5 000 recherches analysées.

Quelques mois après cet épisode médiatique, Google nommait un nouveau responsable des relations publiques chargé de communiquer sur son moteur de recherche. Fin janvier, dans sa première publication, justement consacrée aux extraits optimisés, Danny Sullivan évoquait l’idée de la double réponse. On peut l’entendre de cette façon : dans certains cas, proposer une deuxième réponse permettrait d’atténuer le poids d’une réponse erronée.

En outre, les réponses multiples permettraient de remettre en perspective certaines opinions très tranchées. Car comme le souligne David Sullivan dans son billet, « il y a souvent plusieurs points de vue légitimes offerts par les [sites], et nous voulons donner aux utilisateurs accès à ces différentes perspectives provenant de sources variées ».

Dans les mois qui viennent, les chercheurs de Google testeront ce système sur d’autres types de requêtes, et tenteront de déterminer si elles rendent un meilleur service aux internautes. Auquel cas elles pourraient être généralisées.