La femme de Patrick Stewart, Sunny Ozell, portait le pins de Time's Up. / CARLO ALLEGRI / REUTERS

Une vidéo a été diffusée dimanche 4 mars lors de la cérémonie des Oscars pour se remémorer une année particulière, marquée par le mouvement #MeToo et plus généralement davantage d’ouverture d’Hollywood aux minorités. La séquence a été présentée par Ashley Judd, Salma Hayek et Annabella Sciorra, trois actrices qui ont été harcelées sexuellement et menacées par le producteur Harvey Weinstein, la dernière affirmant même avoir été violée par le magnat déchu.

La vidéo s’est ouverte sur une autre actrice harcelée par Harvey Weinstein, Mira Sorvino, qui a expliqué que, depuis l’automne, avec les mouvements #MeToo et Time’s Up, « tout le monde a maintenant une voix pour exprimer quelque chose qui se déroule depuis toujours, pas seulement à Hollywood, mais dans toute la société ».

Mais le propos s’est rapidement élargi à l’ensemble des films qui ont ouvert de nouvelles voies à Hollywood depuis l’an dernier, de The Big Sick, dont le héros est d’origine pakistanaise, à Black Panther, premier film Marvel dédié à un super-héros noir, en passant par Lady Bird, réalisé par une femme, Greta Gerwig.

« Certains de mes films préférés sont faits par des gars blancs sur des gars blancs », a expliqué, dans la vidéo, Kumail Nanjiani, héros de The Big Sick et co-scénariste du film. « Aujourd’hui, des types blancs peuvent voir des films avec moi à l’affiche et se sentir touchés. »

Jimmy Kimmel en rajoute une couche

Le présentateur de la soirée, Jimmy Kimmel, a également évoqué l’affaire Weinstein en plaisantant sur la statuette dorée baptisée Oscar. « Oscar est l’homme le plus respecté et aimé à Hollywood. Et il y a une bonne raison : regardez-le. Il garde ses mains en vue, ne dit jamais un mot grossier et le plus important, pas de pénis du tout. »

« Ce qui est arrivé à Harvey [Weinstein] et à d’autres aurait dû arriver depuis longtemps », a déclaré Jimmy Kimmel, sur la chaîne ABC, qui retransmet les Oscars aux Etats-Unis. « Nous ne pouvons plus laisser les mauvais comportements rester impunis. Le monde nous observe. Nous devons donner l’exemple. » Si Hollywood parvient à se débarrasser du harcèlement sexuel, « les femmes auront seulement à y faire face le reste du temps et dans tous les autres endroits où elles iront », a plaisanté l’animateur.

Malgré les remous des six derniers mois à Hollywood, Jimmy Kimmel a assuré que c’était « une soirée pour le positivisme », pour rendre hommage à « un groupe de films remarquables et inspirants, qui ont tous été écrasés par Black Panther ce week-end ». Le film de super-héros a franchi ce week-end la barre des 500 millions de dollars de recettes aux Etats-Unis.

« Je me souviens d’une époque où les grands studios ne croyaient pas qu’une femme ou une personne issue d’une minorité pouvait avoir le premier rôle d’un film de super-héros », a expliqué Jimmy Kimmel, en référence à Black Panther mais aussi à Wonder Woman, immense succès au box-office en 2017. « La raison pour laquelle je m’en souviens, c’est parce que c’était en mars de l’an dernier », a-t-il ironisé.

La NRA irritée

Cette manifestation de solidarité et d’ouverture n’a pas été du tout du goût du principal lobby des armes aux Etats-Unis, la National Rifle Association (NRA). Habituellement silencieuse lors de ces cérémonies de récompenses, la NRA s’est fendue d’une série de tweets agressifs, cherchant à faire le lien entre la question des armes et les Oscars, bien que le sujet n’ait pas été évoqué verbalement une seule fois lors de la soirée.

La NRA critiquait la position de beaucoup à Hollywood généralement favorables à un contrôle renforcé des ventes d’armes.

« Les célébrités d’Hollywood (…) ont toutes des gardes armés (…) mais nos enfants n’y ont pas droit ? Expliquez-moi ça », déclare notamment, dans une interview vidéo postée sur Twitter, Dan Bongino, présenté comme un ancien agent secret par la chaîne de la NRA, NRATV.

 

Une pique à Trump

Le président Trump, sa passion des tweets et sa politique anti-immigration n’ont pas été épargnés : Jimmy Kimmel a évoqué la « superbe Lupita Nyong’o. Elle est née au Mexique et a été élevée au Kenya. Et voilà l’avalanche de tweets qui va commencer depuis les toilettes présidentielles ».

La comédienne oscarisée pour Twelve Years a Slave et à l’affiche du block-buster Black Panther a quant à elle déclaré sur scène, allusion aux jeunes sans-papiers surnommés les « dreamers » ou « rêveurs » : « nous sommes des rêveurs qui rêvions un jour de travailler dans le cinéma » et « les rêves sont la fondation d’Hollywood et de l’Amérique ».