C’est le genre de nouvelles qui suscite en règle générale l’enthousiasme des marchés et des industriels : les exportations de chêne brut français en Chine ont progressé en janvier, avec un bond de 35 % par rapport à janvier 2017.

Pourtant, cette information suscite aujourd’hui l’inquiétude de certains professionnels, parmi lesquels la Fédération nationale du bois (FNB), qui a alerté les pouvoirs publics, mardi 6 mars, dans un communiqué :

« Malgré les appels répétés de la FNB […] au gouvernement, les exportations de chêne brut poursuivent leur hausse effrénée et les scieries françaises manquent cruellement de matière première à transformer. »

Une telle augmentation des exportations de bois mettrait en danger la pérennité des scieries de l’Hexagone : la filière française est « au bord de la faillite », avec le sentiment « d’être abandonnée » des pouvoirs publics, ajoute la FNB.

 

La France, « l’eldorado des traders internationaux », selon la FNB

Quelle est la cause d’une telle situation ? Selon la FNB, « 25 à 30 % de la collecte forestière nationale de chêne est exportée sans transformation, alors que la majorité des pays forestiers concurrents a interdit une telle fuite de cette ressource brute, comme la Croatie, la Roumanie l’Ukraine ou la Chine. La France est devenue l’eldorado des traders internationaux ».

En dix ans, les volumes de chêne brut disponibles pour les scieries françaises auraient été divisés par près de deux

Selon la FNB, en dix ans, les volumes de chêne brut (grumes de chêne) disponibles pour les scieries françaises ont été divisés par près de deux, passant de 2,45 millions de m3 en 2007 à 1,25 million de m3 en 2017.

Avec des conséquences sur l’emploi : les scieries de chêne ne sont plus que 550 sur le territoire (contre encore plus de 900 en 2005). Or, la transformation du bois génère 10 à 20 fois plus d’emplois que l’exportation de bois brut, selon le syndicat.

Un plan d’investissement prévu pour les scieries

Dans son plan d’investissement de 5 milliards d’euros pour l’agriculture et la transformation agroalimentaire, le ministre de l’agriculture avait dit prévoir 100 millions d’euros de fonds de prêts aux scieries, en lien avec la Banque publique Bpifrance.