Des soldats sri-lankais déployés à Digana, dans l’Etat de Kandy. / STRINGER / REUTERS

Le Sri Lanka a proclamé mardi 6 mars un état d’urgence de dix jours dans tout le pays à la suite des émeutes dirigées contre la minorité musulmane et des violences intercommunautaires qui ont fait au moins deux morts. L’état d’urgence donne aux autorités des pouvoirs accrus pour déployer des forces, arrêter des suspects et les maintenir plus longtemps en détention.

Cette mesure, une première depuis sept ans, fait suite à l’annonce, la veille, de la mise en place d’un couvre-feu dans la région touristique de Kandy (centre) après la découverte du corps d’un homme de confession musulmane dans les ruines d’un immeuble incendié.

Le gouvernement a déployé mardi des forces de police lourdement armées dans cette région, connue pour ses plantations de thé et ses sites bouddhistes, qui a été secouée durant le week-end par des violences après la mort d’un Cinghalais bouddhiste violenté par une foule la semaine dernière.

Le gouvernement avait évoqué lundi la nécessité d’empêcher que « la situation se développe en embrasement intercommunautaire » et appelé « toutes les parties » au calme.

Emeutes

Lundi, des maisons et des commerces appartenant à des musulmans ainsi que des mosquées ont été attaqués lors d’émeutes dans la région de Kandy. Selon les autorités locales, une trentaine de suspects ont été interpellés et une enquête a été ouverte concernant le comportement de la police.

La semaine dernière, des commerces appartenant à des musulmans avaient été incendié et une mosquée attaquée dans l’est du pays à la suite d’accusations selon lesquelles un responsable musulman aurait introduit des contraceptifs dans de la nourriture vendue à des Cinghalais.

Le gouvernement a dénoncé ces accusations comme sans fondement et ordonné l’arrestation de ceux qui les propageaient.

Le Sri Lanka connaît une montée de l’extrémisme bouddhiste, attisé par des moines radicaux. Les Cinghalais, majoritairement bouddhistes, représentent trois quarts des 21 millions des habitants de l’île. Le Sri Lanka compte environ 10 % de musulmans et environ 18 % de Tamouls, majoritairement hindous.

En novembre, un homme avait été tué lors d’émeutes dans le sud de l’île. Avant cela, en juin 2014, des affrontements entre bouddhistes et musulmans avaient fait quatre morts et de nombreux blessés.

Le pays a été placé en état d’urgence durant près de trois décennies avant la proclamation, en 2009, par le gouvernement de sa victoire militaire contre la rébellion tamoule.