C’est l’un des nouveaux visages auxquels il va falloir s’habituer. Robert Francis O’Rourke, dit Beto O’Rourke, a remporté, mardi 6 mars, la primaire démocrate dans l’Etat du Texas en vue des élections de mi-mandat, le 6 novembre. A 45 ans, cet ex-rocker (il a été le bassiste d’un groupe appelé Foss dans les années 1990), élu depuis 2012, ne veut rien moins que déboulonner l’ultraconservateur Ted Cruz, candidat républicain à sa réélection.

Signe d’un regain d’intérêt pour la politique, les primaires du Texas ont mobilisé les électeurs des deux camps : plus d’un million de démocrates y ont participé, un chiffre inédit depuis la primaire de 2002. Chez les républicains, ils ont été plus de 1,5 million (contre 1,48 million en 2010).

Pour la presse américaine, Beto O’Rourke, partisan de l’Obamacare, de l’avortement, de l’immigration, de la dépénalisation du cannabis et de l’encadrement des ventes d’armes représente la « vague bleue » (démocrate), qui remobilise l’électorat démocrate et rêve d’infliger un revers à Donald Trump et aux républicains ; y compris dans des Etats conservateurs comme le Texas.

Pour sa campagne, Beto O’Rourke a levé 2,4 millions de dollars au dernier trimestre 2017 — plus que Ted Cruz (1,9 million) — sans faire appel à des comités d’action politique (PAC) et sans accepter l’argent des entreprises, rappelle le magazine Newsweek.

Difficile de gagner le Texas

Lors des élections de mi-mandat, les démocrates ont besoin de gagner 24 sièges pour reprendre la Chambre de représentants et faire dérailler le programme législatif de Donald Trump.

Une victoire au Sénat est beaucoup plus incertaine, affirme CNN : les démocrates défendent vingt-six sièges, dont dix dans des Etats remportés haut la main par Donald Trump en 2016, alors que les républicains n’ont que huit sièges à défendre.

Et au Texas, où Donald Trump a remporté l’élection de 2016 avec 52,2 % des voix (43,2 % pour Hillary Clinton), Beto O’Rourke aura fort à faire, même si ce natif d’El Paso, à la frontière avec le Mexique, mise sur les Hispaniques qui représentent 28 % de l’électorat de Texas (lui-même parle espagnol). En effet, aucun élu démocrate du Texas ne siège au Sénat depuis… 1988.

Après l’annonce de la victoire de Beto O’Rourke à la primaire démocrate, Ted Cruz a montré qu’il prenait cet adversaire au sérieux. Il l’a aussitôt attaqué sur CNN en le qualifiant d’« extrême gauche » qui « déteste le président », rappelant que « les électeurs conservateurs étaient aussi très mobilisés ».

Le candidat républicain a aussitôt embrayé sur une campagne de communication contre le démocrate en titillant la fibre conservatrice des Texans, avec un spot radio moquant le surnom de son adversaire et affirmant « qu’on ne peut se présenter aux élections au Texas en étant libéral ».