La journaliste Sandra Muller, le 16 octobre 2017 à New York. / ANGELA WEISS / AFP

Sandra Muller ne compte pas abandonner le combat qu’elle mène depuis bientôt cinq mois, et ce sous toutes ses formes. La journaliste, à l’origine du mot-clé #balancetonporc en octobre, n’a jamais cessé de défendre les femmes victimes de violences sexuelles et, pour elle, cela passe désormais par une bataille pour conserver la marque « Balance ton porc ».

Car depuis le 3 novembre 2017, « Balance ton porc ! » est une « marque verbale » déposée à l’Institut national de la propriété intellectuelle (INPI), et pour le moment c’est une certaine Héloïse Nahmani qui en est propriétaire, comme l’a relevé Franceinfo mardi 6 mars.

Héloïse Nahmani explique au site d’actualité avoir eu « l’idée de déposer la marque après un dîner entre filles ». Une chance : un peu plus de quinze jours après le début du mouvement l’expression n’est pas encore utilisée comme marque. Alors, « pour éviter que ça tombe entre de mauvaises mains », elle s’occupe de déposer la locution à l’INPI, avec un projet :

« Faire un journal ou quelque chose qui fasse que “balance ton porc” soit un peu plus voyant. »

Déposer une marque à l’INPI permet de disposer de son exclusivité, et donc de rendre toute utilisation commerciale de cette marque passible de poursuites.

De quoi agacer Sandra Muller, qui s’emploie alors à conserver la paternité de l’expression. Héloïse Nahmani, qui dit avoir été « harcelée » par Sandra Muller et son avocat, assure à Franceinfo s’être depuis « désistée, car, visiblement, elle veut garder son truc ». L’association We Work Safe, fondée par Sandra Muller affirme de son côté avoir « fait un dépôt de marque, qui sera bientôt effectif, les délais étant de six semaines ».

L’esprit « balance ton porc »

Mais la bataille dans laquelle s’est engagée la journaliste ne s’arrête pas là. L’instigatrice du mouvement veut selon Thaïs Boukella, vice-présidente de We Work Safe, « protéger l’esprit et la philosophie de “balance ton porc” ». L’esprit du slogan, c’est notamment le fait de nommer les agresseurs présumés, comme la journaliste l’avait donné pour consigne lors de son premier tweet.

Sandra Muller a ainsi contacté les administrateurs d’une page Facebook qui arbore le fameux hashtag mais demande l’anonymisation des agresseurs présumés, afin de faire connaître son désaccord. « Le fait de nommer ouvre la voie à la défense pour les personnes concernées, qui peuvent porter plainte pour diffamation », explique encore à Franceinfo Thaïs Boukella.

Depuis, la journaliste discute également avec les personnes disposant des noms de domaines Balancetonporc.fr et Balancetonporc.com pour tenter de réguler l’utilisation de l’expression.

Le dépôt de formules devenues populaires à l’INPI est survenu dans plusieurs cas. L’ancien secrétaire d’Etat chargé du commerce extérieur Thomas Thévenoud, qui avait dû démissionner de ses fonctions en septembre 2014 à la suite de démêlés avec le fisc, avait aussitôt déposé à l’INPI la formule « phobie administrative », utilisée pour justifier ses impôts non payés, comme l’a relevé M6 en février.