L’avis du « Monde » – pourquoi pas

En suivant les tribulations de Manuel, un très jeune homme – il va avoir 19 ans – précipité dans une situation impossible, des titres, des bribes de dépêches reviennent à la mémoire. Quand le garçon arrive dans une misérable ville balnéaire du Latium, on pense au succès électoral des néonazis d’Ostie ; quand l’un de ses amis lui vante la vie facile que l’on mène en Croatie, les discours antieuropéens de la campagne électorale se font entendre. Le premier long-métrage de fiction de Dario Albertini a beau relever du mélodrame, il est perméable au monde qui l’entoure. Avec l’interprétation remarquable du débutant Andrea Lattanzi, c’est ce qui l’empêche de sombrer dans la banalité à laquelle l’expose une mise en scène convenue.

Manuel vit, avec d’autres adolescents, mais aussi de petits enfants, dans une institution encadrée par des animateurs laïcs et des religieux. On découvre un garçon soucieux des autres, rebelle juste ce qu’il faut et l’on comprend bientôt que – désormais majeur – il va devoir quitter ce cocon un peu rude. Son retour à la vie civile présente un caractère d’urgence : détenue depuis cinq ans pour une raison qui ne sera jamais révélée, sa mère ne peut être assignée à résidence que si Manuel se porte garant.

Piété filiale

Méthodiquement, le scénario développe les tempêtes qui se forment sous le crâne du jeune homme, dans les jours qui précèdent l’audience qui décidera de la sortie de prison de sa mère. Il rencontre un marginal qui s’est retiré de la société, une jeune actrice, un ami d’enfance (qui l’expose à la tentation croate), un ancien pensionnaire de l’établissement dont il sort – un homme sympathique, installé dans une médiocre existence hédoniste.

A ces hypothèses de vie, Manuel oppose son intégrité, sa piété filiale, que l’on trouvera d’autant plus méritoire que sa mère, telle que l’interprète Francesca Antonelli, ne la suscite pas. Ces situations sont mises en scène comme bien des films italiens du moment, selon les règles du réalisme numérique. En émerge cette belle figure, butée et discrètement séduisante, de jeune homme qui cherche sa voie.

FA IL FIGLIO, MANUEL
Durée : 01:32

Film italien de Dario Albertini. Avec Andrea Lattanzi, Francesca Antonelli (1 h 37). Sur le Web : www.le-pacte.com/france/prochainement/detail/il-figlio-manuel