La scène se déroulait mardi 6 mars au Meltdown, bar « geek » près de la place de la Bastille à Paris, bien loin des ors de la République. C’est dans ce lieu inhabituel que le groupe d’études jeux vidéo de l’Assemblée nationale a décidé d’officialiser son lancement, en présence de représentants de l’industrie, du monde associatif et universitaire, ou encore d’e-sportifs et d’autres figures du milieu. L’occasion pour Denis Masséglia, député La République en marche du Maine-et-Loire et président du groupe d’études, de rappeler les chantiers qui attendent celle qu’il décrit comme « la deuxième industrie culturelle de France – la première, je l’espère, d’ici la fin du mandat [d’Emmanuel Macron] ».

Comme pour répondre aux critiques formulées il y a quelques semaines par le syndicat des travailleurs et des travailleuses du jeu vidéo (STJV), il a commencé par aborder la question de l’industrie et de l’emploi. En février, interrogé par le Monde, le président du groupe d’études avait en effet semblé minimiser l’importance des problématiques sociales, arguant qu’il ne « fallait pas stigmatiser » l’industrie, et qu’un employé mécontent était « libre d’aller où bon lui sembl[ait] ».

Spectaculaire changement de cap mardi : la question des salaires et des conditions de travail sera au cœur des préoccupations du groupe d’études, assure Denis Masséglia. Parmi les autres chantiers évoqués, il y a, dans l’ordre, les serious games, l’addiction, la diversité au sein de l’entreprise, et l’e-sport, qui doit devenir, pour le député, une spécialité française : « il faut que la France soit dans le train, pas qu’elle essaie de le rattraper ».

Mounir Mahjoubi, le secrétaire d’Etat au numérique présent aux côtés de Denis Masséglia, a lui aussi dit son attachement à promouvoir l’e-sport et plus largement ce qu’il présente comme « les valeurs du jeu vidéo », telles que la solidarité et la diversité, tout en insistant sur la nécessité de prendre à bras-le-corps les « problèmes liés à l’addiction ». Celui qui « espère que, dans le futur, Princesse Peach ira sauver Princesse Samira », a par ailleurs évoqué un plan de promotion de la diversité dans la french tech qui sera annoncé « dans quelques mois ».

Une première réunion à la fin du mois

Mais il s’agissait aussi, pour Denis Masséglia, de rappeler, en creux, ce que n’est pas la mission d’un groupe d’études : « C’est un espace de réflexion et de discussion, nous n’avons pas vocation à légiférer. On n’est pas là pour faire une loi pour ça, ou contre ça. » Il a, en revanche, rappelé que « tous les députés, de l’extrême gauche à l’extrême droite » y étaient les bienvenus – même si, en l’état, les trois quarts des élus siégeant au sein du groupe sont issus de La République en marche. On y compte sinon trois députés Les Républicains, une députée UDI et un seul député de gauche, Christophe Bouillon, socialiste.

Le groupe, qui a vocation à se réunir deux fois par mois (« et dont chaque audition, je l’espère, pourra être filmée et diffusée »), devrait se retrouver pour la première fois à l’occasion de la convention Gamers Assembly de Poitiers consacrée à l’e-sport, qui se tiendra du 31 mars au 2 avril.