L’avis du « Monde » – pourquoi pas

A Ouagadougou, un programme de formation spécialement destiné aux femmes prépare au métier de mécanicienne. Theresa Traore Dahlberg, jeune réalisatrice qui a grandi entre la Suède et le Burkina Faso, s’y est invitée pendant plusieurs mois. Très soigné à l’image et au son, le film, son premier long-métrage, rend compte de l’aventure d’une promotion en composant un beau portrait de groupe. L’enthousiasme de ces jeunes femmes fières du choix qu’elles ont fait, de la liberté qu’il leur promet, saisies à ce moment de leur vie où leur avenir n’est encore que rêves et possibles, est beau à voir.

S’il joue, comme dans une comédie musicale, avec l’image des jolies filles en bleu de travail, affairées à bricoler les moteurs des belles voitures quand elles ne décompressent pas, le soir, dans des concerts de rap, le documentaire donne aussi le temps à chacune de se raconter. Il épouse ainsi le point de vue de ses personnages dont la première victoire est de s’être arrachées à la vie de coiffeuse/esthéticienne auquel la société les destinait dans le meilleur des cas.

Déjouer les stéréotypes

Les rêves de célébrité que confie une des élèves, qui aimerait devenir chanteuse, le désir de revanche sur les hommes dont elle n’a que trop subi les abus que l’on perçoit chez une autre, l’opiniâtreté de cette troisième qui regrette d’avoir eu un enfant trop tôt mais fait avec, donnent à voir, ensemble, une jeunesse urbaine certes abîmée par les fardeaux structurels de la pauvreté et du patriarcat, mais en prise avec la marche du monde moderne et avide d’émancipation.

Ce programme politique visant à déjouer les stéréotypes que le film suit avec une rigueur sans faille est aussi sa limite. Faute de véritable dramaturgie, l’effet de catalogue finit par peser.

Ouaga Girls (2017) - Trailer (English Subs)
Durée : 01:32

Documentaire burkinabé, français et suédois de Theresa Traore Dahlberg (1 h 22). Sur le Web : justedoc.com/films/ouaga-girls et www.facebook.com/ouagagirlsdoc