Un char d’assaut de l’armée syrienne dans les rues de Beit Yanem, localité naguère tenue par les rebelles, le 6 mars. / STRINGER / AFP

La pression du régime syrien sur l’enclave rebelle de la Ghouta orientale, en bordure de Damas, s’accroît encore. Des centaines de combattants y ont été déployées en renfort mercredi 7 mars.

Depuis la mi-février, la Ghouta orientale, où vivent encore près de 400 000 personnes, subit une vaste offensive du régime de Bachar Al-Assad. Mardi soir, des centaines de combattants prorégime y ont été envoyées en renfort, se déployant sur les fronts d’Al-Rihane, dans le nord-est de l’enclave, et de Harasta, dans l’Ouest, selon l’observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui dispose d’un vaste réseau d’informateurs dans le pays.

« Au moins sept cents combattants venus d’Alep (Nord) et appartenant à des milices afghane, palestinienne et syriennes loyales au régime [y] ont été envoyés », selon son directeur, Rami Abdel Rahmane.

L’objectif du régime est de scinder l’enclave en deux, en isolant le secteur nord et la localité de Douma du secteur sud, a-t-il ajouté. Les forces loyalistes se trouvent à ce stade aux abords de plusieurs localités, notamment Misraba, Beit Sawa, Jisrine ou encore Hammouriyé.

D’intenses bombardements ont précédé des opérations au sol, tuant plus de huit cents civils depuis le 18 février, selon l’OSDH. Désormais, le pouvoir syrien contrôle plus de 40 % de l’enclave.

Planifier « l’apocalypse »

Les forces du régime progressent actuellement vers la grande ville de Douma et les localités de l’ouest de l’enclave, après avoir reconquis des secteurs dans l’Est et le Sud-Est, d’après l’OSDH.

La situation humanitaire dans la Ghouta orientale est extrêmement préoccupante. Ses habitants subissent des pénuries de médicaments et de denrées, et vivent le plus souvent dans les sous-sols de bâtiments pour se protéger du déluge de feu qui s’abat sur les villes.

Mercredi, le haut-commissaire de l’ONU aux droits humains, Zeid Ra’ad al Hussein, a accusé le régime de planifier « l’apocalypse » en Syrie, où le conflit, qui dure depuis 2011, est entré dans une nouvelle « phase d’horreur ».

Des « casques blancs » syriens aident un blessé, à Hammouria, dans la Ghouta orientale, le 6 mars. / ABDULMONAM EASSA / AFP

C’est dans ce contexte de violence extrême qu’un rare convoi humanitaire des Nations unies et du Comité international de la Croix-Rouge avait été autorisé, lundi 5 mars, à entrer à Douma, la « capitale » de la Ghouta orientale, mais la situation sécuritaire avait obligé le convoi à faire demi-tour avant la fin de sa mission. Selon le bureau humanitaire de l’ONU, les autorités syriennes ont également imposé de nombreuses restrictions sur le matériel médical acheminé.

Un nouveau convoi jeudi ?

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir en urgence à huis clos pour discuter d’une résolution adoptée à la fin de février réclamant un cessez-le-feu de trente jours dans toute la Syrie, et qui est depuis restée lettre morte.

A ce jour, des raids aériens se poursuivent en dépit d’une trêve quotidienne de cinq heures décrétée par Moscou il y a plus d’une semaine, tandis que l’aviation russe a accru sa présence dans l’espace aérien, selon le directeur de l’OSDH.

Malgré les combats et le déluge de feu meurtrier, l’ONU doit tenter jeudi d’envoyer un nouveau convoi d’aide humanitaire.

Lundi, « quatorze des quarante-six camions du convoi n’ont pas pu être déchargés totalement », selon un communiqué du porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric. « Près de la moitié de la nourriture transportée par le convoi n’a pas pu être livrée », dit-il. Pour le convoi de jeudi, « nous ne savons pas encore combien de camions il y aura, mais ce sera le reste de l’aide pour 70 000 personnes », a fait savoir une porte-parole du bureau de coordination de l'aide de l’ONU à Damas, Linda Tom. « Cela comprend les aides médicales dont le chargement n’a pas été autorisé la dernière fois », dit-elle.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé mardi à rouvrir « immédiatement » les couloirs d’accès aux convois humanitaires en Syrie.

Bachar Al-Assad : « Il n’y a pas de contradiction entre la trêve et les opérations de combat »
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