Donald Trump, le 8 mars à Washington. / MANDEL NGAN / AFP

Donald Trump a promis que les taxes à l’importation sur l’acier et l’aluminium qu’il doit promulguer, jeudi 8 mars, seront « très équitables ». « Nous allons être très flexibles », a-t-il ajouté.

L’annonce de ces taxes a ravivé le spectre d’une guerre commerciale entre les Etats-Unis et nombre de ses alliés, tout en suscitant des désaccords au sein de son propre parti républicain et au sein même de la Maison Blanche. La signature doit avoir lieu à 15 h 30 (21 h 30, heure française), a annoncé l’exécutif américain.

Donald Trump avait annoncé il y a tout juste une semaine son intention d’imposer à hauteur de 25 % les importations d’acier et de 10 % celles d’aluminium.

Lors de brèves déclarations devant la presse en présence des principaux membres de son administration, il a laissé entendre, jeudi, que certains pays pourraient échapper à ces tarifs douaniers. « Nous avons de très bonnes relations avec l’Australie, nous avons un excédent commercial avec l’Australie, un pays formidable, un partenaire depuis longtemps. Nous allons faire quelque chose avec eux », a-t-il déclaré. « Nous ferons quelque chose avec d’autres pays », a-t-il ajouté, tout en se montrant très critique à l’encontre de l’Allemagne, sur la question des échanges mais aussi de ses dépenses en matière de défense au sein de l’OTAN.

Le président américain a, par ailleurs, confirmé que sa décision concernant le Mexique et le Canada dépendrait in fine de l’issue des négociations en cours sur l’Accord de libre-échange nord-américain (Aléna) qui unit les Etats-Unis et ces deux pays. « Si nous trouvons un accord, il est très probable que nous n’imposerons pas de taxes à ces deux pays », a-t-il déclaré.

Levée de boucliers dans le monde entier

Il avait évoqué plus tôt dans un tweet la nécessité de protéger les industries américaines de l’acier et de l’aluminium tout en faisant preuve de « grande flexibilité et de coopération avec ceux qui sont des vrais amis et nous traitent de manière équitable à la fois dans le commerce et la défense ».

Le Canada, premier partenaire commercial et premier fournisseur d’acier des Etats-Unis, a exercé ces derniers jours un fort lobbying auprès de l’administration Trump. La ministre canadienne des affaires étrangères, Chrystia Freeland, s’est ainsi entretenue avec le leader républicain Paul Ryan, qui a lui-même exhorté le président américain à ne pas appliquer des taxes pour l’ensemble des pays.

Face à la levée de boucliers dans le monde entier, la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, avait fait savoir dès mercredi qu’il pourrait y avoir des « dérogations » pour le Mexique et le Canada et pour « potentiellement d’autres pays ».

L’assouplissement du ton du président républicain coïncide aussi avec la demande d’une centaine d’élus républicains de la Chambre des représentants de ne pas imposer des taxes uniformes.

L’Union européenne a préparé une riposte

Sur le plan extérieur, Washington s’est attiré les foudres de l’Union européenne qui a martelé qu’une guerre commerciale serait nuisible à toutes les parties y compris aux Etats-Unis. « Il est désormais temps pour les responsables politiques des deux côtés de l’Atlantique d’agir de façon responsable », a exhorté le président du Conseil européen, Donald Tusk. Il a précisé que le contentieux serait au programme du prochain sommet européen à Bruxelles les 22 et 23 mars.

L’un des vice-présidents de la Commission européenne, Jyrki Katainen, a fait valoir jeudi une disposition réglementaire : Donald Trump ne peut pas exempter un Etat membre de l’UE des taxes sans entraîner mécaniquement une exemption de toute l’UE.

Bien avant la promulgation de ces taxes, l’UE a préparé une riposte. La commissaire au commerce extérieur, Cecilia Malmström, a ainsi détaillé une liste de produits américains qui pourraient être taxés dont le fameux beurre de cacahuète pour compenser en valeur le dommage causé à l’industrie européenne. Les Européens exportent environ cinq milliards d’euros d’acier et un milliard d’euros d’aluminium chaque année vers les Etats-Unis.

Jeudi, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, est, à son tour, monté au créneau, redoutant que l’escalade de mesures protectionnistes ne compromette la croissance. Du côté des autres partenaires commerciaux, Pékin a déclaré jeudi qu’il adopterait une « réponse appropriée et nécessaire » face à d’éventuelles sanctions commerciales américaines. « Dans notre époque mondialisée, ceux qui recourent à la guerre commerciale choisissent le mauvais remède, ils ne feront que pénaliser les autres, tout en se pénalisant eux-mêmes », a affirmé le ministre des affaires étrangères, Wang Yi.