La spéculation n’épargne par le vignoble de Provence. Bien au contraire. L’exemple du rachat du Château Margüi à Châteauvert (Var) par l’américain George Lucas, il y a quasiment un an le prouve. Le père de la saga Star Wars aurait déboursé près de 9,5 millions d’euros pour cette propriété d’une centaine d’hectares. Suivant la voie ouverte par Angelina Jolie et Brad Pitt, qui avaient jeté leur dévolu sur le château de Miraval.

Ces transactions mettent en lumière l’aura des rosés de Provence outre-Atlantique. Selon les chiffres publiés jeudi 8 mars, par le Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP), les ventes de bouteilles de rosé ont bondi de 40 % aux Etats-Unis en 2017.

10 % du volume de vin consommé dans le monde

Ce pays représente 50 % des exportations de cette production en valeur, soit 114 millions d’euros. Suivent de très loin, le Royaume-Uni à 12 %, puis l’Allemagne à 5 %. Sachant que globalement le chiffre d’affaires des vins de Provence a atteint 1,5 milliard d’euros en 2017.

L’appel d’air a été particulièrement fort en décembre. La petite récolte de 2017, inférieure de 12 % à celle de l’année précédente, a inquiété les importateurs soucieux de s’assurer des volumes. De quoi échauffer les esprits et faire monter les prix. « Le prix du vrac a flambé de 26 % en janvier 2018, par rapport à l’année précédente, pour atteindre 2,6 à 2,7 euros le litre », affirme Brice Eymard, directeur du CIVP.

Les producteurs de Provence profitent du développement des ventes de rosé dans de nombreux marchés. Il représente aujourd’hui 10 % des volumes de vin consommés dans le monde, contre un tiers en France. En dix ans, le prix de la bouteille départ cave a progressé de 73 %, pour atteindre en moyenne 4,44 euros en 2017.

Plantation et irrigation

Reste aujourd’hui à faire face à la demande. Les vins de Provence vont demander cette année pour près de 300 hectares d’autorisation de plantation, soit un accroissement de près de 1 % du vignoble.

Autre piste de réflexion : un accès accru à l’irrigation pour accroître le rendement des vignes. « Une réflexion est en cours pour signer une convention avec le canal de Provence », affirme Alain Baccino, président du CIVB. Enfin, pour mieux faire face aux aléas de production, le centre de recherche travaille sur le sujet de conservation du rosé.

Mais si la hausse des prix du vin donne le sourire aux vignerons tout autant qu’aux négociants, la spéculation foncière inquiète les premiers. Comme dans d’autres appellations françaises, les exploitations familiales sont menacées par l’appétit des investisseurs.