Les mineurs étrangers, une affaire européenne ? La première préconisation du rapport sur les mineurs non accompagnés (MNA) rédigé par l’Assemblée des départements de France et les inspections générales de l’administration, des affaires sociales et de la justice, remis mi-février au premier ministre, est en effet de « prendre l’initiative d’une coopération renforcée entre les Etats membres de l’Union européenne en y associant le Conseil de l’Europe ».

En effet, comme le rappellent les auteurs de ce travail, « l’examen comparatif dans les pays voisins de la France montre que tous sont concernés par cette question du fait de sa croissance rapide et de son ampleur ».

En 2015, le pays le plus concerné par les arrivées d’enfants et d’adolescents sans famille a été la Suède. Cette année-là, 20 % des migrants entrés se disaient mineurs. Deux ans plus tard, une fois arrivés à la majorité, le pays a été endeuillé par une vague de suicides de jeunes préférant se donner la mort qu’être expulsés. Douze suicides au sein de cette population ont été enregistrés en 2017, ce qui a largement ému l’opinion.

Projet bloqué par une décision préfectorale

Ces morts résonnent comme en écho au drame vécu en France par Kantar. Ce jeune immigré malien, arrivé à Nîmes début 2016, avait franchi toutes les étapes, et même été admis pour faire un CAP cuisine en alternance. Comme il n’avait pas six mois de scolarisation avant ses 18 ans, son projet a été bloqué par une décision préfectorale. Sa famille d’accueil a appris son décès le lendemain de Noël 2017.

Le rapport biparti n’aborde pas ce sujet de l’arrivée à la majorité des mineurs étrangers. Ses signataires n’étaient pas mandatés pour ce prolongement, mais leur propos évoque en filigrane l’importance de l’après. La conclusion du rapport rappelle que « la consolidation de leur parcours d’intégration au-delà de la majorité devrait faire l’objet d’une attention toute particulière ». De plus, « la mission recommande que l’Etat et les départements (…) engagent une réflexion conjointe (…) sur l’adaptation de la prise en charge, de l’admission à l’Aide sociale à l’enfance jusqu’à l’accompagnement des jeunes majeurs ».

Sans ce maillon, le rajeunissement des mineurs envoyés seuls depuis leurs pays ne s’arrêtera pas. Si 95 % des mineurs entrés seuls en France en 2017 étaient âgés pour 84 % entre 15 et 17 ans, les moins de 15 ans, eux sont passés de 37 % des effectifs totaux en 2015 à 42 % en 2016.