Documentaire sur OCS Geants à 22 h 30

Bande annonce de Hollywood, pas de sexe s'il vous plaît
Durée : 01:02

Comme le souligne l’historien Craig Detweiler, « les Américains ont toujours été plus à l’aise avec la violence qu’avec le sexe ! » Dans le documentaire de Clara et Julia Kuperberg, l’évidence saute aux yeux lorsqu’il s’agit d’aborder ces relations complexes à travers le cinéma. Le suivi chronologique permet d’observer les évolutions, mais aussi les crispations et les approches hypocrites.

Au début des années 1930, le ­cinéma fait preuve d’une étonnante liberté avec des corps nus à l’écran, des scènes d’orgasme filmées de près. Le sexe ne choque pas et fait vendre. Mais le code de censure établi en 1934 par le sénateur William Hays, et appliqué jusqu’au milieu des années 1960, va refroidir les ardeurs. Fini les seins nus, les longs baisers, les couples non mariés filmés dans le même lit. Linda Williams, auteure d’Une histoire de la sexualité sur les écrans américains (Capricci, 2014),se souvient des années 1960 : « Les Américains devaient aller voir des films européens pour découvrir du sexe au cinéma. »

Versions édulcorées

Dans un pays puritain, il est plus facile de parler de sexe que de le montrer. Même si, au cours des années 1970, certains films comme Gorge profonde, Le Lauréat ou Macadam Cowboy marquent les esprits en montrant des femmes assumant une sexualité sans tabous ou décrivant des situations (le cow-boy texan gigolo) peu en phase avec le puritanisme local. « Je pense que les hommes américains sont gênés d’être assis à côté de leur épouse et d’être excités par une scène explicitement sexuelle au cinéma. Les Français s’en foutent complètement ! », ­estime le réalisateur britannique Adrien Lyne, auteur notamment de 9 semaines 1/2, film à succès projeté aux Etats-Unis dans une version édulcorée, les scènes ­sadomasochistes de la version originale ayant disparu.

Johnny Weissmuller dans Tarzan. / Wichita films

En 1992, le célèbre Basic Instinct, avec son héroïne (interprétée par Sharon Stone) bisexuelle et ses scènes de sexe et de violence, sortira lui aussi en deux versions, celle projetée aux Etats-Unis étant évidemment plus soft. La mouvance conservatrice observée dans la société américaine se reflète au cinéma. Paradoxalement, la télé se montre, à travers de nombreuses séries, très audacieuse en matière de sexe. Puritaine, l’Amérique ? Hypocrite avant tout.

Hollywood : pas de sexe s’il vous plaît, de Clara et Julia Kuperberg (Etats-Unis, 2017, 60 min).