Vue aérienne du quartier Montparnasse, à Paris, en juillet 2017. / JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

Après la tour, la dalle. La maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé, vendredi 9 mars, le lancement d’une consultation pour remanier profondément le quartier Montparnasse. Un chantier de 9 hectares en plein Paris, qui vise à réparer « le traumatisme de l’urbanisme des années 1970 », selon les mots de Mme Hidalgo, et à redonner de l’attrait à « ce quartier emblématique de Paris ». « Nous allons casser la dalle et faire disparaître le centre commercial, on pourra aller à pied et à l’air libre de la rue de Rennes à la gare SNCF », résume son adjoint chargé de l’urbanisme, Jean-Louis Missika. Une révolution.

Au pied de la tour de 210 mètres, mal-aimée des parisiens, le quartier Montparnasse, qui fut, il y a un siècle un des moteurs culturels de la capitale, a souffert de la brutalité de l’urbanisme qu’on appelait alors moderne : un aménagement sur dalle qui rend l’espace public confus, un dédale souterrain d’équipements, de voiries, de parkings, un parc hors-sol – le Jardin atlantique – caché derrière des barres d’immeubles, un centre commercial massif qui ferme par un mur la perspective depuis la rue de Rennes…

Les nouveaux habits de la tour Montparnasse ont été dévoilés le 19 septembre 2017. L’équipe Nouvelle AOM, lauréate du concours d’architecture, promet de transformer le monolithe marron de 1973 en éclat de verre clair, alliant ouverture, végétalisation et recherche de sobriété énergétique. Restait à transformer son environnement. « Il faut recomposer un tissu urbain cohérent avec l’urbanisme parisien », résume Gilles Vuillemard, le président de l’Ensemble immobilier tour Maine-Montparnasse (EITMM), qui regroupe les 290 copropriétaires de la tour et de l’ensemble commercial de 35 000 m2.

Le temps presse

Le temps presse : une partie des acteurs du quartier ont commencé leur mue sans attendre la Ville. Au-delà de la métamorphose de la tour Montparnasse, les propriétaires de sa petite sœur, la tour CIT, posée sur le centre commercial, préparent sa transformation. La gare SNCF est déjà en travaux pour absorber une hausse de 50 % de son trafic de 55 millions de voyageurs par an.

A deux pas de la gare, un autre centre commercial, Gaîté-Montparnasse, a entrepris, à l’été 2017, son chantier de rénovation sous la houlette de l’architecte néerlandais Winy Maas – un centre Leclerc va s’y installer, peut-être suivi par un magasin Ikea. Au-dessus de la gare, face au jardin Atlantique, la barre CNP envisage un rafraîchissement et les locaux du Musée du Général-Leclerc, qui va déménager, font l’objet d’un appel à projets de la municipalité… « Il va falloir mettre tous ces projets en cohérence et bien coordonner ce qui relève de l’espace public et du secteur privé », relève M. Missika.

Une délibération va être mise au vote, d’ici la fin mars, au Conseil de Paris, pour lancer une étude urbaine par le biais d’un groupement de commandes entre la Ville de Paris et l’EITMM. Quatre équipes pluridisciplinaires – urbanistes, architectes, paysagistes, spécialistes du commerce ou de la mobilité… – seront retenues avant l’été et entreront dans un « dialogue compétitif » avec la Ville et l’EITMM pour proposer les grands principes d’aménagement du nouveau quartier. L’équipe lauréate sera désignée début 2019.

« Retrouver un schéma urbain parisien »

« Nous avons une idée majeure : prolonger la rue de Rennes jusqu’à la gare et retrouver un schéma urbain parisien, un aménagement en pleine terre, avec le même volume de commerces, mais disposés le long des rues », explique Jean-Louis Missika. Encore faudra-t-il convaincre l’ensemble des propriétaires de boutiques – de gros acteurs comme Habitat et les Galeries Lafayette, mais aussi une myriade de petites sociétés – de s’associer au projet. Faute de quoi, la Ville devrait en passer par une déclaration d’utilité publique et des expropriations. « Ce sera compliqué, mais c’est faisable, l’objectif est que personne ne soit lésé », assure M. Missika.

Pour le reste, la programmation du futur quartier est libre : les équipes pourront proposer des espaces publics et paysagers, mais aussi la construction d’ensembles de logements ou de bureaux le long des nouvelles rues… sans se sentir enfermées dans le gabarit haussmannien, qui limite à 37 mètres la hauteur des bâtiments. Une liberté d’autant plus précieuse que c’est la vente des droits à construire qui financera l’opération d’aménagement…

« Solutions sensibles et douces »

« Je ne crois pas que la solution soit d’ajouter deux ou trois nouveaux gratte-ciel à côté de la tour Montparnasse, il faudra privilégier des solutions sensibles et douces », précise néanmoins Anne Hidalgo, alors que le débat sur les hauteurs des bâtiments enflamme régulièrement la politique parisienne. Le projet devra enfin désenclaver le Jardin atlantique et, à l’autre extrémité de la zone, « piétonniser » la place du 18-juin-1940, aujourd’hui toute dévolue à l’automobile.

Vaste chantier, parti pour durer des années dans un périmètre qui constitue une importante porte d’entrée dans la capitale. « Il va falloir qu’on s’organise pour que le quartier ne soit pas en travaux pendant les Jeux olympiques [JO] », reconnaît Jean-Louis Missika. Une première phase de travaux pourrait être programmée pour s’achever au printemps 2024, puis une seconde démarrer à l’automne, à l’issue des JO. Un planning chirurgical qui témoigne d’une grande confiance dans le déroulement des chantiers.

Voies sur berges : Valérie Pécresse en appelle à l’Etat

La présidente (LR) de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a, vendredi 9 mars, appelé l’Etat à intervenir dans le dossier de la piétonnisation des voies sur berges, à Paris, « pour mettre en cohérence l’ensemble des plans » de circulation de la capitale et des communes alentours. « Paris est au cœur de la région » ; or le nouvel arrêté interdisant la circulation routière signé par la maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, « n’est pas compatible avec le plan de déplacement urbain de l’Ile-de-France », a critiqué Mme Pécresse sur CNews. Jeudi 8 mars, Anne Hidalgo a annoncé avoir signé un nouvel arrêté interdisant la circulation routière sur la rive droite, la précédente mesure ayant été retoquée par le tribunal administratif.