Les week-ends de mars vont se suivre et se ressembler. Des élections législatives partielles se succèdent, consécutives à des invalidations de scrutins de juin 2017 par le Conseil constitutionnel. Dimanche 11 mars, le second tour en Guyane doit départager le député sortant, Lénaïck Adam, pour La République en marche (LRM), et Davy Rimane pour La France insoumise (LFI). Le premier est arrivé en tête dimanche 4 mars, gagnant sept points par rapport à juin.

Son adversaire a gagné 15 points entre les deux tours, dans une collectivité où Jean-Luc Mélenchon était en tête lors du premier tour de la présidentielle. David Riché (divers gauche ; 10 %) qui est arrivé troisième, a appelé à voter pour Lénaïck Adam. Chez LRM, on reste très prudent. « Tout va se jouer sur la participation », indique Christophe Castaner, délégué général du parti d’Emmanuel Macron. Au premier tour, seuls 35 % des électeurs se sont déplacés aux urnes.

Pour LRM, une victoire serait un soulagement, après la perte d’un siège lors d’une précédente partielle, début février, dans le Val-d’Oise, et après avoir échoué à en gagner une autre à Belfort. Dans ces deux circonscriptions, LRM avait laissé la place à une droite triomphaliste qui y avait vu un « désaveu » de la politique gouvernementale, selon les mots de Laurent Wauquiez.

« Le gagnant fera cocorico »

Dans ce contexte, LRM s’accorde une exception à sa règle de ne pas tirer de conclusions nationales à ces élections partielles.

« Jean-Luc Mélenchon a voulu en faire une campagne nationale, un mano à mano entre lui et moi », explique M. Castaner.

Les deux chefs de file de parti ont fait le déplacement sur le terrain avant le premier tour. Malgré le retard de voix, à gauche, on veut croire à une « remontada » du candidat « insoumis ». « En juin, il y avait 1 500 voix d’écart entre les deux candidats, et Davy Rimane a échoué à moins de cinquante suffrages. Cette fois, l’écart s’est réduit à 1 000 voix. Ce n’est pas fait, mais c’est possible », avance Manuel Bompard, l’un des dirigeants de LFI. « Le gagnant fera cocorico. Si on gagne, moi je ne le ferai pas », promet de son côté M. Castaner.

La République en marche sait qu’elle a tout intérêt à ne pas trompeter car les chances de victoire sont minces dans les autres circonscriptions où des partielles sont organisées. Dimanche aura également lieu le premier tour en Haute-Garonne, où le député socialiste Joël Aviragnet défend son poste avec le soutien actif de la présidente de la région Occitanie, Carole Delga.

Plusieurs ministres sont allés soutenir le candidat LRM, Michel Montsarrat, tandis que les têtes d’affiche de LFI ont également défilé auprès de Philippe Gimenez, leur candidat. Du résultat de ce dernier (qui avait obtenu 14 % des suffrages en juin) dépendent les pronostics de LRM sur leur capacité à décrocher un nouveau siège. « Je ne suis pas optimiste, sauf si le PS est derrière LFI », note un parlementaire LRM de poids.

Situation atypique

Le 18 mars suivra le premier tour de l’élection partielle dans le Loiret. Le député Les Républicains sortant, Jean-Pierre Door, fait office de favori pour récupérer sa place face à la candidate LRM Mélusine Harlé, qu’il avait affrontée en juin. « Dès lors que le taux de participation est faible, celui qui gagne est celui qui a un réseau. Door a les élus locaux qui vont faire campagne pour lui », anticipe un pilier de LRM, alors que la majorité n’a pas de maillage territorial structuré lui permettant d’avoir une telle force de frappe.

Le même week-end se tiendra une législative à Mayotte, dans le contexte du mouvement social contre l’insécurité. La situation y est atypique alors que la députée Ramlati Ali, qui siégeait avec la majorité, et dont l’élection a été annulée, n’a pas été réinvestie par LRM. Elle avait été mise en examen le 14 février pour complicité de fraude électorale. Ne faisant pas campagne pour elle, la majorité n’endossera pas une éventuelle défaite, même si mathématiquement elle perdrait un siège. A droite, Laurent Wauquiez est allé lui-même faire campagne sur l’île auprès du candidat LR Elad Chakrina. Sa visite a fait grand bruit, marquée par sa proposition de réforme du droit du sol.

« Même si ces partielles sont mauvaises, ce ne sera pas un thermomètre d’alarme pour la suite », prévient déjà le président du groupe LRM du Sénat, François Patriat.

Sauf si les défaites s’enchaînent encore, car la série des législatives partielles n’est pas terminée. Deux autres suivront en avril tandis que de nouvelles annulations d’élections peuvent être prononcées par le Conseil constitutionnel en cas de rejet des comptes de campagne des députés élus en juin 2017.