Des centaines de camions remplis de milliers de tonnes de café de Côte d’Ivoire, troisième producteur africain, étaient toujours bloqués au port d’Abidjan, jeudi 8 mars, pour des motifs inconnus, a constaté une journaliste de l’AFP. De longues files de dizaines de camions chargés de sacs de café s’étiraient le long des voies dans la zone portuaire de Treichville et Vridi, où se concentrent la plupart des sociétés d’exportation.

« Je suis venu le 2 février. On est là, on ne décharge pas, on ne nous dit rien. On ne nous dit pas pourquoi on ne décharge pas. Le matin, quand ils arrivent, ils prennent peut-être deux camions et puis c’est fini pour toute la journée », se plaint Bazoumana Fofana, un chauffeur de camion. Assis par petits groupes à l’ombre des camions, les chauffeurs n’en peuvent plus d’attendre, déplorant l’insécurité et les voleurs qui, la nuit tombée, dérobent des sacs de café.

Des exportations en chute libre

« Les paysans ont fini de produire le café et son venus au port, où il y a désormais plus de 400 véhicules qui sont stationnés. Depuis deux mois, on n’arrive pas à décharger les véhicules », déplore Moussa Koné, président du Syndicat national agricole pour le progrès en Côte d’Ivoire (Synapp-CI). Selon un opérateur économique du milieu, les exportations sont bloquées faute d’autorisation d’exportation du Conseil du café-cacao (CCC), l’organe de régulation de la filière.

Joints par l’AFP, des membres du CCC n’ont pas voulu répondre. Sur son site, le conseil rapporte qu’il a rencontré fin février les coopératives et les acheteurs de café et de cacao pour « mieux cerner les réalités et les difficultés rencontrées à mi-parcours de la campagne 2017-2018 ».

Le prix du kilo de café payé au producteur est fixé par l’Etat (actuellement 750 francs CFA, soit 1,14 euro), qui contrôle la filière. Jadis un des premiers producteurs mondiaux, la Côte d’Ivoire a vu ses exportations divisées par deux voire trois ces dernières décennies.