Les syndicats espagnols ont annoncé vendredi 9 mars avoir conclu avec le gouvernement un accord sur une hausse des salaires des fonctionnaires. C’est le premier depuis 2009, alors que la crise avait provoqué une cure d’austérité draconienne en Espagne.

L’accord prévoit une hausse allant de 6,1 à 8,8 % sur trois ans, en fonction de la croissance de l’économie espagnole sur cette période, selon le communiqué publié par le syndicat Commissions ouvrières (CCOO), l’un des principaux du pays. En 2017, le gouvernement avait proposé une hausse unilatérale de 1 % des traitements des fonctionnaires, rejetée par les syndicats, qui critiquaient son insuffisance.

« C’est la première hausse depuis 2009. Elle a été négociée et nous allons vers une augmentation qui suppose la récupération du pouvoir d’achat perdu dans la fonction publique », a expliqué Antonio Cabrera, secrétaire général de la branche santé de CCOO. Selon lui, il ne s’agit toutefois que du « début du redressement » car les fonctionnaires ont perdu entre 11 et 23 % de leur pouvoir d’achat pendant la crise, les plus touchés étant ceux du secteur de la santé.

Salaires gelés

Les salaires des fonctionnaires ont été totalement gelés de 2010 à 2015, tandis que des dizaines de milliers de postes étaient supprimés dans l’administration centrale, l’armée, la justice, la santé publique… Il y avait en Espagne 2,5 millions de fonctionnaires en 2016 contre 2,7 millions au début de l’année 2010, d’après des données officielles.

Outre les fonctionnaires, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy, au pouvoir depuis 2011, est confronté à une forte contestation des retraités, qui sont descendus par milliers dans la rue fin février pour dénoncer la très faible revalorisation de leurs pensions.

Le salaire minimum a été revalorisé de 8 % en 2017, soit la plus forte hausse depuis trente ans, et de 4 % en 2018, avec comme objectif d’atteindre 992 euros (sur douze mois) en 2020.

L’Espagne, quatrième économie de la zone euro, a conclu 2017 avec une croissance du PIB de 3,1 %, sa troisième année consécutive au-dessus de la barre des 3 %. Mais le pays est toujours concerné pour l’instant par la procédure européenne de sanction pour déficit excessif. Madrid espère en sortir en 2018, année pour laquelle il a promis à Bruxelles de ramener son déficit sous la barre des 3 % du PIB.