Samsung Pay débarque en France. Le constructeur coréen a annoncé jeudi 8 mars que le service sera disponible « avant l’été ». Il permettra aux utilisateurs de certains modèles –plutôt haut de gamme – de la marque de payer chez les commerçants en apposant simplement leur appareil sur un terminal de paiement sans contact, mais aussi de régler leurs achats sur les principaux sites de ventes en ligne sans avoir à renseigner leurs informations bancaires.

Pour l’instant, seuls les titulaires d’une carte du réseau Banque populaire-Caisse d’épargne (BPCE), pourront profiter du service. C’est ce même groupe, avec ses 12 millions de cartes en circulation, qui avait été le premier à adopter Apple Pay en France en juillet 2016. Depuis, il a été imité par le Crédit Mutuel Arkéa et la Société générale.

En ralliant Samsung – et ses 4 millions d’appareils éligibles au service au lancement –, BPCE continue à labourer ce sillon. « Ce n’est pas à nous de dire à nos clients s’ils doivent acheter un téléphone Apple ou Samsung, mais puisque le smartphone est au cœur de leurs usages, on doit leur donner la solution qui va bien sur ce support », explique César Lengellé, responsable de la direction paiements et banque au quotidien de BPCE.

Pari moins risqué

Le groupe ne communique pas de chiffre sur le succès de son expérience sur Apple Pay. « Il y a une période d’acculturation, comme ça a été le cas pour le paiement sans contact avec sa carte. Là ça va plus vite, mais ça prendra quand même plusieurs années », admet-il seulement. Mais le pari d’un partenariat avec Samsung est aujourd’hui moins risqué : les terminaux sans contact, aujourd’hui principalement utilisés avec des cartes bancaires, constituent entre 40 et 50 % de l’ensemble du parc et devraient s’être généralisés dans les deux prochaines années.

L’intérêt des banques pour le paiement sur mobile est multiple. Il témoigne de la volonté de capter une clientèle jeune, celle des millenials, plus ouverts vers ce type d’usages. Par ailleurs, reconnaît M. Lengellé, « le but pour nous, c’est toujours que le paiement électronique, sous une forme ou une autre, soit préféré au cash ou aux chèques, qui coûtent cher aux banques ».

Et s’il faut regarder du côté des économies, le partenariat avec Samsung est plutôt une bonne affaire. Alors qu’Apple a désespéré bon nombre d’établissements bancaires français de s’associer à lui en exigeant une partie des commissions perçues par les banques sur chaque achat, il n’en est rien avec le Coréen. Dans le cadre du partenariat entre Samsung et BPCE, « il n’y a pas d’échanges financiers », assure-t-on de part et d’autre. Un élément qui pourrait séduire de nouveaux établissements, alors que la plupart des banques françaises misent aujourd’hui sur la solution Paylib, qui décolle difficilement.

Un portefeuille virtuel

De son côté, l’enjeu pour Samsung est de « créer une différenciation avec nos produits plus premium, mais aussi face à d’autres marques », indique Laurent Moquet, chargé du lancement de Samsung Pay en France. Ainsi contrairement à l’offre d’Apple, celle de Samsung se présente comme un portefeuille virtuel, où l’utilisateur pourra également stocker ses cartes de fidélité (avec plus de 500 enseignes associées au lancement) et ses tickets restaurants digitalisés. Des discussions sont également en cours avec des régies de transports en commun pour élargir cette offre. Or, justement, pour Thomas Husson, consultant chez Forrester, « l’enjeu pour faire adopter ce nouvel usage, c’est d’apporter du service », avec des coupons, des programmes de fidélité, etc.

Un point de vue partagé par Christophe Vergne, responsable des solutions de paiement chez Capgemini Financial Services : « Il y a un problème de valeur ajoutée : quelle différence y a-t-il à présenter son téléphone ou sa carte devant un terminal sans contact ? ». Mais, selon lui, travailler à populariser ce type de mode de paiement n’en est pas moins un travail crucial pour des établissements bancaires français et européens face à des acteurs étrangers qui pourraient un jour venir les concurrencer. En Chine, WeChat et Alibaba ont réussi à imposer leurs solutions de paiement mobile en créant d’immenses places de marché, avec un succès que l’américain Amazon ne demande qu’à reproduire.