La commissaire européenne au commerce Cecilia Malmström, lors d’une conférence de presse à Bruxelles le 7 mars. / ERIC VIDAL / REUTERS

En alerte depuis déjà des semaines, la commissaire européenne au commerce, Cecilia Malmström, a promptement réagi, jeudi 8 mars, aux annonces de Donald Trump qui a décidé de taxer les importations américaines à hauteur de 25 % pour l’acier et de 10 % pour l’aluminium. Vibrante avocate du libre-échange en Europe, la Suédoise a déclaré sur Twitter que « l’Union européenne est un proche allié des Américains, et nous continuons à penser qu’elle aurait dû être exemptée de ces mesures ».

Elle a précisé vouloir obtenir « de la clarté » sur les décisions américaines « dans les jours qui viennent » et annoncé un rendez-vous, dès samedi 10 mars à Bruxelles, avec le représentant américain au commerce, Robert Lighthizer. Lors de sa conférence de presse à Washington, M. Trump a chargé ce dernier de mener les discussions avec les pays qui pourraient négocier « des exemptions » avant que le couperet protectionniste américain ne tombe « dans 15 jours ».

Mme Malmström n’est pas revenue sur les mesures de sauvegarde de l’industrie européenne ni sur la longue liste de mesures de rétorsion (taxer l’acier américain, le bourbon du Kentucky, etc.) que la Commission européenne a d’ores et déjà établie et a menacé d’appliquer à plusieurs reprises ces derniers jours. Pressée par les capitales européennes et les milieux économiques, qui craignent qu’une réplique trop brutale n’attise les flammes d’une guerre économique généralisée, Bruxelles temporise. Et espère encore convaincre M. Trump d’épargner l’Union européenne (UE).

Négociation forcée

La réunion, samedi, pourrait, entre autres, porter sur la Chine, de loin le plus grand producteur mondial d’acier à bas coût, dont les surplus, ces dernières années, ont fait souffrir les aciéries du reste de la planète (spécialement les européennes). Le Japon, qui vient de signer un accord de libre-échange de grande ampleur avec l’UE, devrait être représenté.

Les annonces des Etats-Unis ressemblant à une négociation forcée, les Européens vont examiner de plus près ce que ses émissaires exigent en échange d’une non-application des taxes. Jeudi, M. Trump a insisté sur les liens « de sécurité » avec des pays tiers, s’est plaint que les voitures américaines n’étaient pas « traitées de manière juste » et a menacé d’augmenter les barrières douanières pour les importations de voitures européennes.

Le ballet diplomatique entre Européens et Américains devrait donc intensément se poursuivre dans les prochains jours. Une chose est sûre : Bruxelles va tenter de négocier une exemption en bloc pour les 28 Etats de l’UE (Britanniques compris, jusqu’au 29 mars 2019) : la politique commerciale européenne est communautarisée, pas question de laisser un membre du club sur le bord de la route.