Le Parlement européen a voté, le 1er mars, un texte appelant les Etats membres à interdire les thérapies de conversion, c’est-à-dire les pratiques visant à « soigner » l’homosexualité. Avec 435 votes en faveur de la motion, 109 contre et 70 abstentions, le texte a été adopté largement, bien qu’il ne soit pas contraignant. Pourtant, certains eurodéputés français se sont opposés à la motion.

Des membres de la communauté LGBT+ dénoncent depuis le vote les « homophobes » parmi les députés européens. Une infographie diffusée sur Internet affirme que 34 eurodéputés français se sont opposés à la motion. Cette information est incorrecte.

Pourquoi c’est imprécis

6 députés ont changé leurs votes

Les 34 députés en question ont effectivement voté contre la motion dans un premier temps, mais 6 d’entre eux ont changé leur vote a posteriori. L’infographie ne tient en effet pas compte des corrections qui peuvent être émises dans les jours suivant un vote au Parlement européen.

Les eurodéputés Michèle Alliot-Marie et Geoffroy Didier (Les Républicains), Florian Philippot, Mireille d’Ornano et Sophie Montel (Les Patriotes) ainsi que Tokia Saïfi (Agir, la droite constructive) ont demandé la correction de leur vote, pour se prononcer en faveur de l’interdiction des thérapies de conversion. Brice Hortefeux, étonnamment, va à contre-courant. Alors qu’il avait voté en faveur de la motion, l’ex-ministre de l’intérieur sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy a choisi de se rétracter, rejoignant le camp opposé à la motion lors de la correction de son vote. Tous les représentants des Patriotes (extrême droite), et d’Agir, accusés d’être opposés à l’interdiction, ont donc en réalité voté en faveur de la motion.

Les 29 eurodéputés qui ont voté contre l’interdiction des thérapies de conversion sont donc les suivants :

*Les députés non inscrits n’appartiennent à aucune formation politique au sein du Parlement européen. La plupart sont d’extrême droite. Les trois non inscrits français sont Bruno Gollnisch, Aymeric Chauprade et Jean-Marie Le Pen.

Que sont les thérapies de conversion ?

Les thérapies de conversion, ou thérapies de réorientation sexuelle, sont un ensemble de pratiques visant à changer l’orientation sexuelle d’une personne. Communes aux Etats-Unis, elles sont souvent employées sur des adolescents homosexuels ou transgenres contre leur gré. Ces thérapies peuvent passer par l’injection massive de testostérone ou par l’aversion, qui consiste à faire subir des électrochocs au sujet tout en lui montrant des images d’actes homosexuels afin de l’en dégoûter. Quelque 700 000 Américains âgés de 18 à 59 ans auraient été soumis à ce genre de pratiques, selon une récente étude de The Williams Institute.

Avec ce vote, le Parlement européen emboîte le pas à l’Organisation des nations unies, qui s’était déjà prononcée contre les thérapies de conversion en 2015, les qualifiant de « violentes » et « abusives ».

En France, ces pratiques sont encore légales, bien que rares. Dans l’Union européenne, les thérapies de conversion ne sont illégales qu’à Malte et dans certaines régions autonomes espagnoles (Madrid et Valence). Le Brésil est le premier pays à les avoir bannies en 1999, mais le débat sur leur légalité a repris en 2017. Hormis ceux-là, seuls la Suisse, Taïwan et neuf Etats américains ont interdit les procédures médicales visant à changer l’orientation sexuelle d’une personne.