A Douma, dans la Ghouta orientale, le 9 mars. / BASSAM KHABIEH / REUTERS

Près de quinze jours après le début de leur offensive terrestre dans la Ghouta orientale, les forces pro-régime ont réduit de moitié la taille du territoire contrôlé par les combattants anti-Assad. Mais le cœur urbain de l’enclave rebelle assiégée, en lisière de Damas, leur échappe toujours. Appuyées par l’aviation russe et syrienne, dont les frappes ont causé la mort de plus de 950 civils depuis le 18 février, les troupes loyalistes cherchent à couper en deux la poche insurgée. Si les commandos d’élite avancent, ils font face aux contre-attaques des insurgés.

L’offensive en vue de sectionner l’enclave pourrait s’accélérer. « Vladimir Poutine veut obtenir une victoire symbolique avant l’élection présidentielle russe du 18 mars, explique Ibrahim Hamidi, journaliste au quotidien panarabe Asharq Al-Awsat. Si les Forces du tigre [sur le flanc est] et la 4e division [à l’ouest] opèrent la jonction, ce sera un succès pour les Russes. Cela ne signifie pas la fin de la bataille. »

Selon M. Hamidi, les Russes souhaitent « renouveler l’accord de désescalade signé en juillet dans le nord de la Ghouta orientale avec Jaych Al-Islam et maintenir la pression sur la partie sud [fief de la faction Faylaq Al-Rahmane], jusqu’à obtenir l’expulsion des combattants de [l’ex- Front Al-] Nosra. » Ces derniers ne seraient que quelques centaines, éparpillés dans le sud de la Ghouta orientale. Moscou a obtenu que ces djihadistes soient exclus du cessez-le-feu humanitaire voté par l’ONU.

Départ de l’ex-Front Al-Nosra

Semblant déterminé à jouer sa propre partition, Jaych Al-Islam, le plus puissant groupe insurgé local, a annoncé, vendredi 9 mars, le départ de son territoire des hommes de Tahrir Al-Cham, l’actuelle appellation de l’ex-Front Al-Nosra, émanation d’Al-Qaida, après des « consultations avec les Nations unies et plusieurs acteurs internationaux. » Il ne s’agit pas de combattants actifs, mais de prisonniers détenus par Jaysh Al-Islam, qui a combattu Tahrir Al-Cham en 2017.

« C’est un pas politique, une façon de dire pour Jaych Al-Islam qu’ils remplissent leur part du contrat [par rapport à la résolution de l’ONU] et d’embarrasser les Russes, juge Monzer Akbik, porte-parole de La Syrie de demain, mouvement d’opposition impliqué dans les négociations de 2017 pour une désescalade. Mais les Russes affirment désormais que le départ des combattants de Nosra ne suffit pas. La situation est très complexe. » Des canaux de communication sont toujours maintenus entre les camps belligérants, mais la confrontation militaire l’emporte pour l’instant.