Il y a des modifications de page Wikipedia qui passent moins inaperçues que d’autres. C’est le cas de celle de Quantic Dream, entreprise de jeu vidéo parisienne de notoriété mondiale, qui a été nettoyée ce week-end de sa section « controverse », qui faisait mention des accusations de culture d’entreprise toxique, sexiste et de management brutal. 3 400 kilooctets ont été supprimées par un internaute répondant au pseudonyme de « guillaumedefondaumiere », soit le nom d’un des deux dirigeants incriminé par les enquêtes publiées par Le Monde, Mediapart et Canard PC en janvier 2018.

Dans la page de justification des modifications, l’internaute à leur origine évoque des « allégations ayant été formellement contestée par la société et [une section “controverse”] ayant été ajoutée dans le seul but de jeter l’opprobre sur la société. » Dimanche 11 mars au soir, Guillaume de Fondaumière n’avait pas répondu aux sollicitations du Monde pour confirmer ou infirmer qu’il était bien l’auteur de ces modifications.

Accusations « fallacieuses »

La page Wikipedia du studio de jeu vidéo parisien a depuis été rétablie dans sa version précédente et passée en « semi-protégée », un statut limitant les possibilités de modification afin d’éviter les interventions mal intentionnées.

L’auteur des suppressions a également retiré les mentions de la polémique sur les pages consacrées à Guillaume de Fondaumière et David Cage, les deux dirigeants de l’entreprise, évoquant des « allégations mensongères se basant sur des accusations fallacieuses et juridiquement fausses ».

La prochaine superproduction de Quantic Dreams, Detroit : Become Human, doit sortir le 28 mai 2018 en exclusivité sur PlayStation 4. Les révélations sur les problèmes de management de l’entreprise ont suscité plusieurs prises de positions inquiètes de la part des partis de gauche, notamment par la voix d’Alexis Corbière, porte-parole des Insoumis, et Jérôme Durain, sénateur PS de Saône-et-Loire, concernant les manquements au droit du travail dans l’industrie du jeu vidéo.

Le cas de Quantic Dream n’est pas isolé. Un autre studio parisien, Eugen Systems, est également dans le viseur. Une partie de ses salariés viennent d’entamer leur troisième semaine de grève, une première dans le secteur en France.