Jim Mattis salue des officiels du Sultanat d’Oman à son arrivé à Muscat, la capitale du pays, le 11 mars. / THOMAS WATKINS / AFP

Alors que l’offensive du régime syrien se poursuit dans l’enclave rebelle de la Ghouta orientale, où plus de 1 000 civils sont morts en vingt jours, le secrétaire américain à la défense, Jim Mattis, en visite à Oman, a averti dimanche 11 mars que toute nouvelle attaque à l’arme chimique par Damas serait « très mal avisée ».

L’avertissement de M. Mattis intervient alors que des médecins dans un établissement médical de l’enclave ont assuré en fin de semaine que plusieurs patients présentaient des symptômes d’exposition au gaz de chlore.

Jim Mattis a indiqué avoir reçu des informations sur l’utilisation et l’existence de symptômes qui pourraient être causés par le chlore, mais ajouté ne pas disposer à ce stade de preuves concluantes sur un tel usage.

« Marge de manœuvre politique complète »

M. Mattis a toutefois refusé de dire clairement si l’utilisation d’armes chimiques suffirait à déclencher une riposte militaire américaine et s’est contenté de déclarer : « le président dispose d’une marge de manœuvre politique complète pour prendre la décision qu’il juge appropriée ».

« Il y a d’autres pays occidentaux qui ont été en contact avec nous et qui surveillent de très près la situation et qui sont tout à fait d’accord avec nous et avec ce que je viens de dire, à savoir qu’il serait très mal avisé pour quelqu’un d’utiliser des armes chimiques ».

Le 2 mars, la présidence française avait en effet affirmé que « la France et les Etats-Unis ne tolèrer [aient] pas l’impunité » en cas « d’utilisation avérée » d’armes chimiques en Syrie.

En avril 2017, le président américain avait ordonné un tir de missile contre une base aérienne du régime syrien après que Washington a déclaré que cette installation avait été utilisée pour lancer une attaque meurtrière au gaz sarin sur une ville voisine.

L’utilisation du chlore comme arme est interdite par la loi internationale et la Russie était censée superviser la destruction de l’arsenal chimique syrien. Le fait que le régime du président Bachar Al-Assad ait encore des armes chimiques montre que « soit la Russie est incompétente, soit elle coopère avec Assad », a jugé M. Mattis.

La Ghouta orientale, au cœur du conflit syrien

Ancien « poumon vert » de Damas, situé à l’est de la capitale de la Syrie, la Ghouta orientale est un fief rebelle qui fait, depuis 2013, l’objet de bombardements quasi quotidiens.

Cette année-là, le conflit prend un nouveau tournant dans la zone avec des attaques chimiques dans les alentours de Damas ; en mai, les journalistes du Monde sur place sont les premiers à être témoins d’attaques chimiques lancées à l’entrée de la capitale durant plusieurs jours. Mais c’est surtout lors d’un massacre durant la nuit du 21 août de la même année que ces armes sont utilisées massivement.

A partir de 2015, des dizaines de civils sont affectées par les pénuries de nourriture et de médicaments.

Depuis l’été 2017, la région est censée être une des « zones de désescalade » créées en vertu d’un accord entre la Russie, l’Iran — principaux soutiens du régime — et la Turquie, qui appuie l’opposition. Mais les bombardements n’ont jamais cessé. Le 5 février, le régime lance une offensive aérienne d’une intensité inédite qui se poursuit actuellement par une offensive terrestre. Le 10 mars, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme a annoncé que 1 000 civils étaient morts en vingt jours dans l’enclave rebelle.