La police a établi qu’un agent innervant – substance chimique qui agit sur le système nerveux et peut entraîner la mort – était à l’origine de l’état de Sergueï Skripal et de sa fille. / Andrew Matthews / AP

La première ministre britannique Theresa May a présidé, lundi 12 mars, une réunion du Conseil national de sécurité consacrée à l’affaire de l’empoisonnement de l’ancien espion russe Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Ioulia, 33 ans, en Angleterre début mars. Elle doit s’exprimer vers 17 h 30 (heure de Paris) lors d’une allocution au cours de laquelle elle pourrait désigner un responsable et annoncer des mesures de rétorsion, avançaient des médias britanniques.

Le président de la commission des affaires étrangères du Parlement britannique, Tom Tugendhat, a estimé que l’empoisonnement de M. Skripal et de sa fille à l’aide d’un agent innervant ressemblait à une tentative de meurtre d’Etat et dit s’attendre à ce que la Russie soit mise en cause. « La difficulté de fabriquer et de transporter des agents neurotoxiques hautement dangereux sont les éléments qui laissent penser qu’un Etat est derrière cette attaque », a-t-il déclaré à la BBC.

« D’aucune façon le problème de la Russie »

Interrogé par la BBC sur une éventuelle responsabilité de la Russie, le président russe, Vladimir Poutine, a répondu :

« Tirez les choses au clair de votre côté et après nous en parlerons avec vous. »

L’ambassade de Russie à Moscou a, de son côté, déclaré que Londres joue un « jeu très dangereux » dans sa manière de mener l’enquête sur l’empoisonnement en Angleterre d’un ex-agent double russe.

Interrogé plus tôt, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait répondu n’avoir « pas entendu de déclarations de responsables politiques britanniques selon lesquelles la Russie est impliquée ». « Le citoyen russe mentionné avait travaillé pour l’un des services secrets britanniques, l’incident s’est passé sur le territoire britannique et ce n’est d’aucune façon le problème de la Russie, encore moins de ses dirigeants », a-t-il ajouté au cours d’un point de presse. Moscou a déjà qualifié les allégations de « propagande ».

Londres accusé de vouloir boycotter le Mondial

La télévision d’Etat russe a, par ailleurs, accusé les autorités britanniques d’avoir elles-mêmes empoisonné l’ancien agent double pour perturber l’organisation de la Coupe du monde de football en Russie l’été prochain. « Skripal ne servait plus à rien en tant que source. Mais il est très utile en tant que victime d’empoisonnement. Pourquoi ne pas l’empoisonner ? Ça ne coûte rien. Et avec sa fille tant qu’à faire pour rendre la chose encore plus émouvante pour l’opinion publique », a commenté Dmitri Kiseliov, le principal présentateur pro-Kremlin.

Selon M. Kiseliov, un protégé de Vladimir Poutine, l’émotion suscitée par cette affaire fournit à Londres un prétexte pour organiser le boycottage du Mondial de football.

Skripal et sa fille toujours dans un état critique

Sergueï Skripal et sa fille Ioulia sont à l’hôpital dans un état critique depuis le 4 mars, jour où ils ont été retrouvés inconscients sur un banc devant un centre commercial de Salisbury, dans le sud de l’Angleterre.

La police a établi qu’un agent innervant – substance chimique qui agit sur le système nerveux et peut entraîner la mort – était à l’origine de leur état, mais elle n’a pas dit plus précisément de quelle substance il s’agissait.

Plusieurs centaines de personnes qui ont fréquenté un restaurant italien et un pub de Salisbury, où avaient été Sergueï Skripal et sa fille avant de plonger dans un état inconscient, ont été invitées dimanche à nettoyer soigneusement leurs vêtements, des traces de l’agent innervant ayant été retrouvées dans ces deux endroits.