Emmanuel Macron, le 12 mars 2018, à Varanasi, en Inde. / Rajesh Kumar Singh / AP

A chacun son rôle. Depuis l’Inde où il achève un voyage officiel de quatre jours, Emmanuel Macron a réagi avec un certain agacement à ce qu’il a appelé « les commentaires » de François Hollande qui, dans une interview au quotidien Le Monde, avait de façon à peine voilée critiqué la politique française en Syrie, et notamment son manque de fermeté vis-à-vis de la Russie.

Lire l’interview de François Hollande : « Quel est cet allié turc qui frappe nos propres alliés? »

« Dans la vie démocratique française, les rôles sont bien définis : le président de la République a une responsabilité et auprès de lui, le ministre des affaires étrangères aussi, et après, il y a des commentaires et chacun prend ses responsabilités », a déclaré le chef de l’Etat, lors d’une conférence de presse à Bénarès.

« Pour ce qui est de la Russie, la France depuis le mois de mai [2017] a une politique constante et cohérente, sans connivence mais en cherchant à être efficace et donc en restaurant un dialogue qui installe le rapport de force et qui cherche à obtenir des avancées », a insisté le chef de l’Etat.

« La Russie se réarme, si elle est menaçante elle doit être menacée »

En fait, y compris sous le quinquennat précédent, la France avait sans cesse parlé à la Russie, mais sans aucun résultat. C’est pour cela que François Hollande avait dans son interview relevé que « la Russie est la puissance principale [en Syrie] et le risque est sérieux d’une escalade si aucune limite ne lui est fixée ». « La Russie se réarme, si elle est menaçante elle doit être menacée », avait insisté l’ancien président.

La diplomatie française sur le dossier syrien

Emmanuel Macron a répondu en mettant en exergue ce que fait la diplomatie française sur le dossier syrien : « Il n’y a pas un autre pays qui est aussi actif que nous pour obtenir des résultats diplomatiques sur le sujet syrien, il n’y en a pas un autre. » Et de rappeler que « sous pression de la France » la Russie a accepté de ne pas opposer son veto à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU réclamant, le 24 février, une trêve de trente jours en Syrie.

« Dans le cadre de cette résolution, la Russie a fait des concessions, elle a permis des trêves de quelques heures ; après notre discussion, la semaine dernière, elle a permis l’accès à certains convois. Nous avons eu des résultats, mais qui ne sont pas à la hauteur de la résolution », a reconnu le chef de l’Etat.

« Beaucoup de gens qui donnent parfois des leçons ont parfois eux-mêmes décidé la même chose »

« Si vous voulez faire peur à des puissances qui décident des choix militaires, [il faut] intervenir militairement. La France n’interviendra pas militairement sur le sol en Syrie, je vous le dis très fermement. Et je crois que beaucoup de gens qui donnent parfois des leçons ont parfois eux-mêmes décidé la même chose, à juste titre », a aussi déclaré Emmanuel Macron.

Mais il n’en a pas moins réaffirmé que la France procéderait à des « frappes ciblées » en cas de preuve avérée d’« utilisation létale d’arme chimique ». « Nous croisons les informations avec nos alliés mais pour être très explicite, nous avons la capacité autonome de procéder à ces frappes et à procéder à ces frappes et à leur identification si besoin était. »