Annick Girardin à son arrivée à Mayotte, le 12 mars. / ORNELLA LAMBERTI / AFP

Face à un mouvement de contestation populaire qui se poursuit à Mayotte depuis plus de trois semaines, la ministre des outre-mer, Annick Girardin, a dévoilé plusieurs mesures, lundi 12 mars, pour lutter contre l’insécurité et l’immigration irrégulière dans le département.

Alors que les manifestants expriment un sentiment d’abandon de la part de l’Etat, Mme Girard a tenté de les rassurer. « Le 101e département français reste Mayotte, Mayotte reste un département français », a-t-elle lancé à Dzaoudzi au cours d’une conférence de presse, promettant de revenir à Mayotte « avant le 15 avril ». Parmi les annonces faites par Mme Girardin :

  • Un renforcement des forces de l’ordre dans l’île : 60 gendarmes mobiles arrivés début mars resteront jusqu’à la fin de l’année scolaire ; une brigade de gendarmerie nationale est créée à Koungou ; augmentation des effectifs de la réserve territoriale de la gendarmerie.
  • L’arrivée de nouveaux renforts est accélérée, avec la venue de dix policiers supplémentaires en mars et seize gendarmes d’ici le 1er août, affectés notamment à la prévention de la délinquance juvénile.

  • Les crédits du fonds interministériel de la prévention de la délinquance sont portés à 330 000 euros, fait savoir la ministre, notamment pour faciliter le développement de la vidéosurveillance et un partenariat dans le cadre de la zone de sécurité prioritaire en voie de création.

  • Pour lutter contre l’immigration illégale, Mme Girardin a promis la création d’un état-major de la lutte contre celle-ci à terre et sur mer. Elle a aussi annoncé « l’envoi immédiat par la marine nationale d’un navire patrouilleur militaire qui est sur place depuis vingt-quatre heures » pour renforcer les capacités de surveillance en haute mer, en attendant l’arrivée de nouveaux intercepteurs l’été prochain.

  • La ministre des outre-mer a aussi annoncé la mise en place immédiate d’un plan de destruction de l’habitat illégal, en particulier dans les zones de risques naturels, en travaillant étroitement avec les maires. Les procédures d’évacuation et de destruction des habitations illégales devraient être assouplies.

  • Enfin, en ce qui concerne la lutte contre l’abus du droit du sol, Mme Girardin a affirmé la « volonté de travailler avec un groupe dédié sur la possibilité de créer un hôpital ou de donner à l’hôpital de Mayotte un statut d’extraterritorialité de manière à répondre à ces questions ».

« Mascarade »

Mais toutes ces annonces n’ont pas été jugées satisfaisantes par le collectif et l’intersyndicale à l’origine du mouvement. Ils n’ont pas souhaité « s’associer à cette mascarade », regrettant qu’il n’y ait « aucune tentative de mener de véritables négociations sur [leurs] revendications ». Pour Maoulida Momed, un des porte-parole, les mesures annoncées par la ministre sont « des sous-mesures prises dans l’urgence qui ne résoudront rien sur le long terme ».

Les manifestants souhaitent davantage de fonds pour lutter contre l’insécurité dans l’île. Le comité de coordination des maires a présenté un « plan de convergence » sur dix ans, chiffré à environ 1,8 milliard d’euros. Pour Saïd Omar Oili, le président de l’association des maires, c’est le prix que doit payer l’Etat s’il veut « mettre en place les conditions de tranquillité des Mahorais ».