Un casino du groupe Partouche au Havre en juin 2006. / ROBERT FRANCOIS / AFP

Les investisseurs n’aiment pas le grabuge. Ils ont massivement vendu leurs actions Partouche, lundi 12 mars à la Bourse de Paris, après des perquisitions en série effectuées dans des casinos du groupe dans le sud de la France durant la nuit de samedi à dimanche. Résultat : une heure et demie après l’ouverture de la cotation, le titre dévissait de 17 %, s’échangeant à son plus bas niveau depuis février 2016. La valeur boursière du groupe, l’un des deux leadeurs des casinos en France, avec Barrière, se trouve ainsi ramenée à 264 millions d’euros.

C’est que l’affaire est d’ampleur. Une enquête visant l’entreprise est ouverte pour « blanchiment de fraude fiscale », « tenue illicite d’une maison de jeux et de hasard » et « abus de bien social ». Elle a été confiée à la juridiction interrégionale spécialisée de Marseille. Dans ce cadre, les policiers du Service central des courses et jeux (SCCJ) ont mené samedi soir des perquisitions dans trois casinos exploités par le groupe à Cannes (Alpes-Maritimes), Bandol (Var) et La Grande-Motte (Hérault).

Un montant joué « très supérieur au montant déclaré »

Au total, six personnes ont été placées en garde à vue, dont trois directeurs de casinos Partouche, selon une source proche de l’enquête. Plusieurs suspects ont été interpellés à Cannes et d’autres convoqués dans les locaux de la police judiciaire de Nice, où ils ont été placés en garde à vue. Selon Le Midi Libre, le domicile d’une des personnes interpellées, responsable de plusieurs casinos, a également été perquisitionné.

Les personnes interpellées sont soupçonnées d’avoir organisé depuis au moins un an et demi des parties de poker « au cours desquelles le montant joué était très supérieur au montant déclaré officiellement », a expliqué une source proche du dossier à l’agence France-Presse (AFP). « Le montant déclaré était parfois 20 fois inférieur à celui réellement joué », a-t-elle précisé. Cette sous-déclaration des montants joués créait de fait « un système de blanchiment de fraude fiscale et de minoration des recettes fiscales pour le casino ». Dans ce cadre, les intermédiaires sont suspectés d’avoir touché des commissions.

Menace de fermeture administrative

L’affaire risque de coûter cher à Partouche, un groupe familial qui a failli sombrer il y a quelques années, et n’a renoué avec les bénéfices que depuis 2015. Dans l’immédiat, la fermeture administrative des trois casinos concernés aurait été demandée, selon l’agence Reuters. Sans être les plus importants du groupe, ces trois établissements possèdent un poids non négligeable. Celui de La Grande-Motte a été le 16e casino le plus fréquenté de France en 2016-2017, avec 27,2 millions d’euros de chiffre d’affaires (produit brut des jeux).

Quant à celui de Cannes, très déficitaire, la famille Partouche avait lourdement investi pour le transférer en juin 2017 du Palm Beach au sein de l’hôtel 3.14, un lieu plus adapté. L’enquête en cours et la possible fermeture administrative ne peuvent que compliquer son retour aux profits.