Des médicaments achetés sur le marché parallèle à Cotonou (Bénin), en janvier 2018. / Pierre Lepidi

Un tribunal de Cotonou a condamné, mardi 13 mars, sept responsables d’importantes compagnies pharmaceutiques du Bénin à de la prison ferme, une sanction dont la lourdeur se veut un symbole dans la guerre aux faux médicaments.

Cinq « grossistes répartiteurs » qui contrôlent une grande partie de la distribution des médicaments au Bénin – représentants des sociétés GAPOB, Ubipharm, CAME, Ubephar and Promo Pharma –, ont été condamnés à quatre années de prison ferme pour « vente de médicaments falsifiés, exposition, détention en vue de vente, mise en vente ou vente de substances médicamenteuses falsifiées ».

Ils devront également payer 100 millions de francs CFA de dommages et intérêts à l’Etat béninois (150 000 euros), a confirmé à l’AFP un avocat de la partie civile, au terme de l’audience, une somme selon lui « symbolique ».

Des centaines de cartons

Kumar Santosh et Sourou Rock Toviessi, deux collaborateurs du député de l’opposition Atao Hinnouho, qui est en fuite et chez qui la police a saisi plusieurs centaines de cartons de médicaments début décembre 2017, ont été condamnés à des peines de dix-huit et six mois de prison ferme.

Fernand Gbaguidi, directeur du service des Pharmacies, des médicaments et des explorations diagnostic (DPMED), sous tutelle du ministère de la santé, qui était poursuivi pour ne pas avoir « empêché la commission de ces infractions », a été relaxé.

La dernière audience de ce procès, sans précédent par son ampleur, n’a duré qu’une heure. Après une enquête préliminaire, les prévenus n’ont été présentés à la barre qu’à trois reprises en moins d’un mois et ont été incarcérés pendant la tenue de leur procès. « Nous n’allons pas en rester là », a assuré l’un des avocats des grossistes.

Le port de Cotonou

Le Bénin a la réputation – avec son grand voisin nigérian – d’être la plaque tournante du commerce illicite des médicaments en Afrique de l’Ouest, les faux médicaments circulant notamment à travers le port de Cotonou.

Le gouvernement de Patrice Talon, élu en 2016, a décidé de combattre ce fléau, qui tue près de 100 000 personnes chaque année en Afrique subsaharienne, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Des dizaines de tonnes de faux médicaments ou de médicaments qui échappent à la commercialisation officielle ont été saisies et des dizaines de personnes arrêtées depuis un an au Bénin, où des voix s’élèvent pour dénoncer un coup de filet abusif dans le secteur.